On est perplexe devant les réactions en Europe, et spécialement en France, suscitées par l’OPA de Mittal Steel sur Arcelor. Le groupe Mittal, dont le siège social se trouve en Europe, est contrôlé par une famille d’origine indienne. Il a lancé une offre publique d’achat sur Arcelor, groupe européen d’origine française. Cette affaire aurait pu n’être qu’une opération économique et financière, importante, mais normale.Pourtant, elle a suscité un débat et une levée de boucliers significatifs des travers idéologiques que développe notre époque.Les origines de la famille Mittal sont brandies comme un épouvantail, y compris par des membres du gouvernement français, à commencer par le ministère des Finances lui-même. Il s’agit d’exprimer toute l’inquiétude que suscite la perspective de cette opération.Que penser de cette réaction, si ce n’est qu’elle est l’expression du recul, de l’appauvrissement idéologique menaçant d’envahir la pensée du XXIe siècle!Sous cet angle, l’affaire Mittal-Arcelor nous concerne en tant que Marocains: nous avons intérêt à l’ouverture et la mondialisation est une opportunité que nous souhaitons saisir, tout en étant prêts à en payer le prix. Mais il faut que les règles soient identiques pour tous!La mondialisation était supposée estomper les origines nationales ou ethniques, au profit de la loi du marché. Les courants hostiles se développant aujourd’hui, non seulement veulent remettre en cause la mondialisation, mais en fait souhaitent l’asservir à des visions nationalistes très étroites. Cette affaire ne doit pas être lue isolément, mais à la lumière des débats autour de la candidature turque à l’UE et tant d’autres évènements troublants (les caricatures, les banlieues, les intégrismes…). Une culture nationaliste frileuse, par conséquent agressive et dangereuse, cherche à se développer. Si l’on n’y prend pas garde, en lui opposant l’ouverture la plus large, alors cette culture nous raménerait deux siècles en arrière.Abdelmounaïm DILAMI
L'Edito
Recul
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