
Il n’est jamais facile de choisir ce qui a compté parmi des centaines d’événements survenant au cours d’une année. Pourtant, cette fois, pas de problème.
Ce qui a compté et ce qui comptera pour longtemps, c’est le courage avec lequel le gouvernement, en fait Benkirane lui-même, a pris à bras-le-corps les plus difficiles des réformes. Le Maroc les attend depuis une bonne décennie.
Du courage et du sens de l’opportunité, puisque non seulement les voitures cesseront de faire le plein avec l’argent des contribuables, mais en plus l’Etat saute sur l’occasion pour programmer une libéralisation… qui surprend des distributeurs eux-mêmes. Bien sûr, il reste le gaz; il reste l’essentiel des retraites… Mais le ton est donné: fini de vivre à crédit grâce à l’endettement des générations futures. Benkirane y a gagné ses galons d’homme d’Etat.
En revanche, dans l’immatériel, le Maroc n’est pas bon du tout.
L’éducation est toujours en dehors du champ des réformes. L’information a fait un terrible bond en arrière au Parlement. Inversement l’irresponsabilité politique a fait un énorme bond en avant. La censure culturelle est de retour, toujours aussi bête.
Pour l’instant, on ne sait pas compter, sous forme de milliards, les pertes que ces fautes et méfaits engendrent. Il n’empêche qu’on sait tous que cela coûte très cher.
En fait, autant il y a eu de courage sur les questions de subventions autant il y a d’ignorance et de négligences sur le reste.
Rien d’étonnant, c’est l’exacte ligne de partage entre les nations qui restent dans la pré-émergence et celles qui parviennent à passer de l’autre côté de la barrière. Ces dernières savent travailler et faire changer les choses dans les domaines immatériels. Les autres, dont nous sommes encore partie, peuvent faire quelques «jolis coups», mais rien de pensé ou d’organisé, capable de marquer sans retour un changement de classe.
Nadia SALAH
Nadia SALAH