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Modèle de développement: Des pistes de relance pour Fès-Meknès

Par L'Economiste| Le 04/06/2020 - 17:32 | Partager
Modèle de développement: Des pistes de relance pour Fès-Meknès

Un délai supplémentaire de 6 mois vient d'être accordé, par le Souverain, à la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD). Ceci, afin d'intégrer à sa réflexion les conséquences nationales et internationales de la pandémie Covid-19. Renforcer l'approche participative de la commission n’est pas en reste. Pour rappel, la Commission avait entamé en mars une tournée régionale. Une semaine avant le confinement, ses membres s’étaient rendus à Meknès, Fès et Taounate (les 5, 6 et 7 mars 2020), où ils avaient rencontrés 50 à 80 personnes dans chacune des villes visitées. Choisies de manière aléatoire, ces personnes (étudiants, commerçants, universitaires, ONG…) constituent un échantillon représentatif de la population. Laquelle livre son vécu, évoque les problématiques, et propose des solutions. Avant de lancer cet exercice «d’écoute», Ahmed Réda Chami, président du CESE, avait présenté la CSMD dont il fait également partie. La synthèse est confiée au Pr Hakima Himmich, militante associative et également membre de la Commission spéciale. Durant cette rencontre, les participants ont mis le doigt sur les vrais problèmes de la région. Ils ont également esquissé quelques pistes de relance. Décryptage. 

Education, santé et emploi…en tête des priorités

Le vendredi 6 mars 2020, les membres de la CSMD avaient donné rendez-vous aux Fassis au siège de la délégation provinciale de l’éducation nationale. Comme annoncé dans le programme, la rencontre a démarré à 17 h. C’est l’ancien député (USFP) de Fès, Ahmed Réda Chami, actuel président du Conseil économique social et environnemental (CESE) qui ouvre le bal, en présentant la Commission dont il est membre, son rôle et l’objectif de la rencontre. A l’issue d’une brève présentation, l’exercice d’écoute est lancé. Il durera plus de 3 heures. Donnant la parole à une population hétéroclite, la Commission veut rassembler le maximum de données sur une région qui «souffre» de plusieurs maux. Parmi ces derniers figurent des problématiques liées aux secteurs de l’enseignement (en déperdition dans le secteur public), la santé publique (avec des rendez-vous lointains ou encore l’absence de certaines spécialités), et le chômage (avec le manque d’opportunité d’emploi, absence d’une zone franche, et salaires très bas). Pour ce dernier volet, des intervenants ont également évoqué des disparités territoriales. «Last but not least», les problèmes liés à la sécurité sont encore récurrents, selon des participants, évoquant aussi «un seuil élevé des incivilités, une escroquerie dont sont victimes les touristes, ainsi que l’exploitation des enfants». 

Une capitale culturelle sans théâtre ?

Les participants à l’escale de Fès ont aussi parlé des problématiques liées au secteur du  tourisme, de la culture et de l’artisanat. «Il est inadmissible qu’une destination qui se targue d’être une des villes challengers en matière d’attractivité touristique nationale ne dispose pas d’un théâtre, ne profite pas de son arrière pays (éco-tourisme), et manque cruellement d’offre culturelle», déplore un intervenant. Un autre regrette le manque de bibliothèques publiques, salles de cinéma et centres culturels. Pour ce qui est du secteur de l’artisanat, l’un des grands employeurs de la région (126.000 artisans), un participant a évoqué l’absence de couverture sociale pour les artisans. En outre, d’autres intervenants sont venus avec des propositions, à même de sortir Fès de son marasme économique et social. «Il faut réformer le système éducatif : appuyer le préscolaire et annuler la retraite des enseignants», suggère-t-on. Soutenir le monde rural, organiser le secteur informel, et réduire les disparités sociales ne sont pas en reste. «La priorité doit être donnée aux zones exclues du développement», ajoute-on. D’autres propositions, plus générales, ont concerné la diversification des moyens de transports, la construction de marchés pilotes, et la reddition des comptes. Sans oublier l’appui de l’économie sociale et solidaire ainsi que le renforcement de la compétitivité du produit national. 

Des projets d’envergure… pour surmonter les carences

Il est évident que la région Fès-Meknès ne fait pas partie des nouveaux pôles régionaux émergents (Tanger, Casablanca, Marrakech, etc). Pourtant, avec ses 5 universités, elle est le premier pôle universitaire du Royaume, constituant un important vivier pour les ressources humaines. La région dispose également d’un énorme potentiel agricole, une compétitivité coût par rapport à Tanger et Casablanca, une intéressante connectivité et un patrimoine immatériel inestimable. En revanche, et malgré ces avantages comparatifs, il y a encore des carences à surmonter. A commencer par le lancement de projets d’envergure à l’instar des régions d’Agadir, Tanger et Kénitra. Pour aller vite, les économistes suggèrent la création d’une zone franche, la liaison directe rapide avec le port TangerMed, ou encore la demande latente relative au port sec. Pour les opérateurs de la ville, «le projet de l’autoroute Fès-TangerMed favoriserait l’émergence d’une dynamique socioéconomique en adéquation avec les objectifs de la régionalisation avancée». «Il est temps que la région Fès-Meknès passe à une vitesse supérieure en perspective de la régionalisation avancée et de la concurrence interrégionale qui va s’accentuer», estiment les industriels.

Une approche globale et inclusive

Il est certain que la CSMD a adopté une approche globale et inclusive qui tient compte de la portée historique du modèle de développement et de ses perspectives d'avenir. Ceci, eu égard aux évolutions économiques, sociales et culturelles que connait le Royaume et aux développements économiques et technologiques au niveau international. Le fruit de cette approche sera connu dans quelques mois. Mais, d’ores et déjà l’on sait que le rapport de la Commission devrait s'adapter aux nouvelles données internes et externes. Ce qui permettrait au Maroc d’améliorer son modèle de développement grâce au dialogue amorcé par la commission avec les principales forces vives de la nation.

 

Youness SAAD ALAMI