
La culture du «Maalesh» semble prospérer un peu partout faisant entrer le Maroc dans une quatrième dimension, comme si dans ce qui arrive rien ne doit être pris au sérieux, et qu’il fallait attendre… En décrivant très subtilement dans «Au-delà des pyramides» cette manière bien arabe de s’en remettre à la providence, Douglas Kennedy avait charrié les Egyptiens, lesquels ont confirmé ses talents de romancier en… censurant son œuvre.
Le mysticisme semble s’être invité à tous les chantiers, y compris dans le foot, donnant lieu à des situations cocasses où les semblants de «danses de pluie» avant les matchs ont pris le dessus sur les exigences de préparation, de rigueur. On connaît la suite… En économie aussi, les croyances sont fortes, même si la courbe des résultats reste inflexible à la tendance.
La situation des finances publiques est tendue, le Maroc risque sa Ligne de liquidité et de précaution? Maalesh, l’idéal est que le pays perde sa souveraineté financière, et on préfère demander à la banque centrale l’impossible comme si son pouvoir économique et social était illimité.
Celle des retraites prend des proportions explosives? Maalesh, attendons qu’elle fasse descendre des milliers de pensionnés dans la rue, futurs inactifs que nous sommes et dont les caisses de retraites seront peut-être en banqueroute. Le gouvernement met les patrons sous pression en improvisant une rencontre avec les Turcs? Maalesh, offrons d’autres occasions d’enfoncer un peu plus les déficits. Et un peu partout ce constat inquiétant de grands maux, mais aucun remède…
Mohamed Benabid