Crise politique ou pas, la Tunisie continue de se faire aduler. Hier, pour avoir évincé Ben Ali. Aujourd’hui, pour avoir pu dégager une majorité et une liberté de conscience. Le pays de Bourguiba jouit d’une visibilité forte au niveau international. Résultat paradoxal lorsqu’on se remet d’une reconstruction politique difficile, d’une situation d’insécurité, d’assassinats... Et qu’on doit faire face à des défis économiques et sociaux immenses. Les Tunisiens sont partout fiers de montrer qu’ils sont capables d’arriver à une vraie alternance. Et manifestement ce discours plaît. Dans les colloques: Risque pays à Paris, Davos... et même chez les agences de notation on semble leur faire confiance. Cela conduit par réciprocité à exiger que nous fassions au moins autant en communication. Ne l’oublions pas, avec ce pays le derby maghrébin est continuellement sportif mais aussi économique…
Le Maroc pèse plus lourd sur le papier mais commet l’erreur de se focaliser sur l’argumentaire technique, le capital tangible, l’infrastructure, le climat des affaires... alors que les Tunisiens eux semblent prendre le problème très en amont. Ils continuent de surfer à leur avantage sur l’effet du printemps arabe en se présentant comme un pays redevenu à la pointe de la démocratie et du changement. Or, en ce XXIe siècle, cette dimension a à la fois une vertu thérapeutique et moderniste et donne surtout une très forte visibilité même si elle ne contribue pas, du moins pas immédiatement, à redresser les pays.
La mauvaise nouvelle c’est que le Maroc devra maintenant surveiller ses flancs sur le plan du marketing économique aussi avec l’arrivée dans le nouveau gouvernement tunisien (voir en page 36) de profils pointus ayant fait leurs preuves à la BAD, aux Nations unies, à la Cnuced ou à l’OMC.
Encore un match Maroc-Tunisie à renégocier...
Mohamed Benabid