
Ce n’est pas l’énorme dette publique (interne et externe, Etat et entreprises de l’Etat) qui doit retenir notre attention, sauf sur un point: les citoyens et les entreprises qui payent leurs impôts en payeront encore davantage dans les années qui viennent.
Le syndrome des années 1980 est de retour, avec aussi un projet de réforme fiscale. Hasard? Clin d’œil du destin?
Saluons néanmoins le courage patriotique de Mohamed Benchaâboun: il est si facile (d’autres l’ont fait) de prétendre que tout va bien, de jeter l’argent des citoyens par les fenêtres pour éviter de prendre les mesures difficiles, mesures qui s’imposent en urgence.
Passons.
Dans les analyses de Bank Al-Maghrib, présentées par le gouverneur Jouahri, un point est revenu trois fois: il n’y a pas lieu de se féliciter de la baisse du chômage.
C’est lui, le régulateur de la monnaie, toujours inquiet du surendettement, qui parle du chômage. Ce dernier baisse parce que beaucoup de Marocains ont cessé d’espérer travailler. Ce sont surtout des femmes qui ont décidé que cela ne valait plus le coup de chercher un job. Dans la création parcimonieuse d’emplois, il y a beaucoup, beaucoup trop de services. Pire encore: le travail non rémunéré augmente, chez les femmes et chez les jeunes.
Ces occupations sans revenus sont exactement l’inverse de ce que le Maroc espère faire, quand il parle de couches moyennes, d’inclusion ou de justice sociale. On comprend mal que la coalition gouvernementale, à commencer par les affaires sociales ou l’emploi, ne s’en préoccupe pas.
Ce phénomène a un nom: la dégradation du marché du travail, laquelle entraîne automatiquement la dégradation des liens sociaux avec un vaste sentiment de frustration dans toutes les familles, notamment celles qui avaient réussi à sortir de leur précarité et qui ont peur d’y retomber.
Pas besoin d’un dessin: ce genre de situation réjouit les démagogues; même et surtout, s’ils en sont les premiers responsables.