L'Euro brisera-t-il le tabou des devises? Il circulera dans notre pays, autant que toutes les 11 monnaies qu'il remplace et par sa quantité, il peut devenir une banalité. Ce sera heureux. Car les devises sont encore le grand tabou de l'économie malgré tous les discours sur la libéralisation.
Ainsi, Bank Al-Maghrib n'a pas saisi l'occasion de l'Euro pour nous dévoiler comment elle fixe le poids des devises dans son panier, et la parité du Dirham.
Les autorités, mais aussi le secteur privé cultivent ce tabou. Dans le microcosme des affaires, on commente l'achat des actions d'Al Wataniya et de l'Alliance Africaine, par M. Othmane Benjelloun. Beaucoup oublient les enjeux d'une telle opération: concentration dans les assurances, constitution d'un autre groupe puissant comme l'ONA. Ils ne craignent que la grosse sortie de devises pour payer le Français Groupama. Habités par le vieux démon de la fuite des capitaux, ils auraient voulu voir les autorités favoriser un acheteur étranger.

En fait, l'argent ne rentre que quand il peut sortir facilement.
Après tous ses efforts d'ajustement, des bonnes réserves de devises, et l'arrivée de l'Euro, le pays peut aller dans la libéralisation de ses changes. La convertibilité serait la consécration de la solidité de notre économie.
Le meilleur indicateur d'une monnaie contrôlée est le marché noir: ici les devises y sont disponibles et pas chères, à peine un peu plus que le cours officiel, qui est donc le cours réel.
Si la convertibilité ne se fait pas dans les banques, elle se fera dans les bazars, où l'on attend beaucoup d'Euros.

Khalid BELYAZID