
Combien d’administrations et d’entreprises marocaines, stratégiques ou pas, ont logé leurs données dans un cloud ou «ferme de data»? Ces utilisateurs savent-ils que leurs données ont la protection du pays d’accueil, c’est-à-dire aucune protection pour la grande majorité des loueurs de serveurs? Pas très prudent et pas du tout raisonnable.
Mais il n’empêche que lorsqu’il s’agit de rendre aux citoyens marocains leur droit d’être informés,… alors là, pas question!
Malheureusement, il n’y a pas la moindre exagération dans ce paradoxe.
C’est exactement ce qui se passe: d’un côté de coupables négligences connues de la planète entière, et de l’autre une volonté de fer de ne pas permettre à la démocratie de progresser au Maroc, et ce via tous les projets de textes punitifs liés à l’accès à l’information.
Pour l’instant, pas un seul des nombreux partis politiques représentés au Parlement, et encore moins ceux qui sont au gouvernement, ne veulent ouvrir un débat modernisateur et responsable. Pourtant, le Maroc a déjà beaucoup reculé dans sa conception: le ministre de l’Information peut sans se faire reprendre (ni par ses alliés, ni par ses adversaires politiques), inventer une fausse résolution des Nations unies pour pratiquer librement sa censure obscurantiste.
Voilà qui en dit long sur la connivence en train de se nouer pour réduire la liberté et la responsabilité des citoyens.
On comprend bien l’objectif: il n’est jamais agréable de rendre compte et d’expliquer ce que l’on fait des mandats et de l’argent que la Nation confie à ses représentants élus comme à ses cadres administratifs. Pour rester entre soi, quoi de plus simple que d’effrayer les observateurs, d’interdire leur présence partout où il est question d’évaluer l’action publique?
Dramatique, irresponsable imprévoyance.