
A trois mois des élections législatives, les gens ne voient toujours pas pourquoi ils voteraient pour un parti plutôt que pour un autre. Le débat politique se concentre sur des questions, date, liste, de proportions… autant de points techniques, qui n’intéressent que les politiciens eux-mêmes.
Les électeurs ont massivement voté pour la réforme constitutionnelle. Ils considèrent que c’est un moyen d’élargir la démocratie, pour être mieux représentés… Mieux représentés, dans le cadre des indispensables partis politiques.
Or, la classe politique, quant à elle, semble ne considérer la démocratie que dans son aspect formel. Pour elle, il n’y a rien d’autre que d’organiser des élections, se répartir les sièges puis les ministères.
Le peuple est oublié; il ne compte pas. Dans le meilleur des cas, il n’est envisagé que comme une main qui doit poser sagement le bon bulletin dans l’urne.
La démocratie, c’est d’abord prendre en compte, représenter les attentes et les diverses opinions de la population.
Or, à peu d’exceptions près, la classe politique montre chaque jour qu’elle est déconnectée de l’environnement qui devrait pourtant la légitimer! Elle considère le pouvoir comme une fin en soi, un espace fermé et privilégié, dans lequel promotions et sanctions sont différentes de celles du monde ordinaire. Et elle veut, contre vents et marées, que les choses continuent ainsi, alors que ce comportement met le pays en danger.
A la différence des autres pays arabes, le Maroc n’a pas un problème de régime, le Roi a proposé les réformes et l’ouverture; le peuple les a approuvées massivement.
Pourtant, malgré les manifestations de rue, malgré les désordres et le coût financier pour que le Maroc puisse traverser la crise, malgré toutes ces alarmes… la classe politique, dans son quasi-ensemble et toutes tendances confondues, demeure en dehors de l’histoire comme si de rien n’était.
Abdelmounaïm DILAMI