
La fixation, enfin, d’une date des élections devrait sortir le pays de sa torpeur. Quoi de plus terrible en effet qu’un manque de visibilité.
La nouvelle échéance sonne le glas pour beaucoup de monde.
D’abord sur le plan politique, l’on a bien compris qu’il est temps de tourner la page, même si sur la page suivante, l’écriture ne semble pas encore amorcée. Du moins sur les exigences de mise à niveau, et de renouvellement au sein des partis. Une exigence de changement ardemment réclamée par l’opinion ces temps-ci. D’ici le 11 novembre, il y a donc de fortes chances que les têtes des candidats et les «programmes» aient une impression de déjà-vu.
Ensuite, sur le plan économique, l’on a bien remarqué depuis quelques semaines que le gouvernement est quasi-paralysé alors même que la situation des finances du pays donne de sérieux signaux de fébrilité. Les inquiétudes sur ce front ne sont pas du tout levées. Les finances publiques sont victimes d’un redoutable effet de ciseau. D’un côté, des recettes à la croissance hypothétique du fait de la crise. Le patron des impôts Abdellatif Zaghnoun a beau faire de son mieux pour racler les fonds de tiroirs, intensifier le recouvrement, les arbres ne montent pas indéfiniment jusqu’au ciel. De l’autre, des dépenses qui s’envolent au point de phagocyter les marges de manoeuvre budgétaires. Cette situation est le résultat d’une politique sociale dispendieuse et mal évaluée et que l’effet printemps arabe a exacerbé.
La conjoncture peut être jouée dans une certaine mesure contre les initiatives du gouvernement. Mais au-delà, c’est son incapacité à initier des réformes structurelles qui est critiquable, comme pour la compensation qui frôle 5,5% du PIB, ou encore les régimes publics de retraites qui ne sont pas loin de la banqueroute.
L’équipe actuelle n’y est pas arrivée, alors vivement la suivante.
Mohamed Benabid