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Mesures bancaires : Pas de chèque en blanc

Par L'Economiste| Le 28/03/2020 - 22:20 | Partager
Mesures bancaires : Pas de chèque en blanc

Invités par la CFCIM, des banquiers ont détaillé le mode d’emploi des mesures de soutien aux entreprises. Le gros ira aux structures saines, performantes qui souffrent de la crise. Pour le reste, il faudra convaincre les banques.

  • Le  report d'échéances ne sera pas automatique, les entreprises doivent la demander
  • Le taux d’intérêt des facilités de trésorerie fixé à 4%
  • Le dispositif n'a pas vocation à rattraper les dysfonctionnements d'avant la crise

La pandémie coronavirus oblige gouvernement, banques, entreprises, ménages…à gérer une situation inédite. Le vif échange entre la CGEM et le GPBM dénote de la tension qui règne aujourd’hui (Lire " Mesures d'urgences: le président de la CGEM prévient les banques" et "Sur un ton ferme, les banquiers répondent à Chakib Alj" ). Il faudra quelques jours aux banques, aux entreprises et aux ménages pour se caler sur la même fréquence. Une batterie de mesures de soutien sera opérationnelle dès lundi 30 mars. Mais, le mode d’emploi reste globalement flou pour les cibles. Un panel de banquiers a éclairé la lanterne des dirigeants d’entreprises adhérentes à la CFCIM lors d’une visioconférence organisée par la Chambre vendredi 27 mars.

-Contenu de l’offre

Les entreprises fragilisées par la crise ont la possibilité de reporter les échéances de crédit et de mobiliser des ressources supplémentaires pour financer les besoins de trésorerie (Voir page ci-contre). Pour les entreprises qui bénéficient déjà d’un crédit à court terme, les lignes additionnelles ne peuvent être tirées qu’après épuisement de celles existantes. En outre, elles sont destinées exclusivement au règlement des charges courantes d’exploitation, insistent les banquiers.

Pour bénéficier de ces mesures, les entreprises doivent en faire la demande auprès de leurs banques. « Il n’y a pas de report automatique », prévient un banquier. La plupart des banques ont établi des formulaires standardisés pour formaliser la demande. Pour les reports d’échéances, les entreprises sont dispensées des frais et pénalités. En dehors du dispositif de soutien, c’est la procédure normale qui prévaut. Le taux d’intérêt pour les facilités de trésorerie est fixé à 4%. Le coût de la garantie est de 0,1% annuellement.

-Des crédits à taux zéro sont-ils envisageables ?

« Le service bancaire comme un autre ne peut pas être gratuit sauf dans des cas extrêmement précis. Aucune entreprise n’est viable avec ce genre de modèle », rétorquent les banquiers. Même si la banque centrale réduit à nouveau son taux directeur, la répercussion sur les taux débiteurs n’est pas gagnée d’avance. « Il est possible que la banque centrale baisse encore le taux directeur mais, il sera difficile de la retranscrire dans la tarification des crédits ». Le problème de transmission se pose depuis toujours et le contexte ne n’arrange pas les choses. La pression sur les dépôts oblige les banques à recourir davantage à des ressources externes. Dans le contexte actuel, «cela rend difficile la baisse des taux». Pour les banques, il n’y a pas de sujet sur le taux d’intérêt. Tout l’enjeu aujourd’hui est de fournir les financements aux clients qui en ont besoin.

-Comment prouver l’impact de la crise

Les entreprises en cessation temporaire d’activité ou qui enregistrent une baisse brutale du chiffre d’affaires sont éligibles au dispositif de soutien. «C’est la logique qui nous amène à constater l’impact direct de la crise. Certains secteurs comme le tourisme et l’hôtellerie sont frappés de plein fouet par la  crise. L’analyse des flux, une bonne connaissance du secteur et du client permettent de compléter le diagnostic», indique un banquier.

-Soutien mais, pas d’open bar

La concertation entre le gouvernement, le GPBM et Bank-Al-Maghrib sera maintenue tout au long de la crise afin d’adapter les mesures de soutien en fonction de l’évolution de la situation et des besoins des entreprises. Cela dit, l’objectif n’est pas d’ouvrir les vannes, préviennent les banquiers. « Il faut avoir conscience que la crise va aggraver la situation des entreprises qui étaient déjà en difficulté avant la pandémie. Cela ne peut pas être le rôle des banques de sacrifier leur niveau de risque par rapport à leurs épargnants pour aller sauver des structures qui étaient déjà fragiles ». D’où l’insistance sur l’analyse des dossiers au cas par cas. Les entreprises saines, performantes qui souffrent de la crise n’auront pas de difficultés à mobiliser des ressources pour passer le cap. Pour le reste, il faudra être convaincant. « Les mesures de l’Etat ne peuvent pas être le moyen de rattraper toutes les choses qui ne fonctionnaient pas avant la crise. Ce n’est pas une occasion pour tout remettre dans le même plat».

F.Fa