Hausse des cas Covid19: Dr Mounir Mikou tire la sonnette d'alarme

"Nous sommes inquiets par la hausse des cas Covid19 au Maroc... Certes, seuls 50 lits de réanimation sont occupés par des patients en situation difficile, mais la flambée des contaminations liées aux foyers professionnels nous intrigue". Les propos sont du Dr Mohamed Mounir Mikou, membre de la Société marocaine d'anesthésie d'analgésie et de réanimation, pour qui "les cas difficiles occupent 7% de la capacité litière de la Réa. Toutefois, l'évolution rapide des nouveaux cas nous incite à être de plus en plus vigilants et agiles. Car, nos hôpitaux ne pourraient pas supporter des contaminations en cascade". "À Tanger, à titre d'exemple, nous avons 18 patients en réanimation, alors que la ville du détroit ne dispose que de 12 lits de réa", souligne Dr Mikou.

S'inscrivant dans la démarche de sensibilisation et de prudence menée par les ministères de l'Intérieur, de la Santé, du Tourisme, de l'Industrie, et de l'Enseignement supérieur, ce dernier appelle au respect de la distanciation et les mesures barrières, "car nous sommes de plus en plus exposés à un virus qui a certes perdu sa virulence, mais reste imprévisible et extrêmement contagieux". Notons que le Maroc a enregistré ces derniers jours deux décès âgés de 28 et 35 ans qui ne souffraient auparavant d'aucune maladie chronique. Face à cette situation, il faut redoubler d'efforts, s'assurer de la mise en œuvre des mesures sanitaires les plus strictes, et rester agile. De l'avis du Dr Mikou, "le gouvernement a fait des efforts pour augmenter le nombre de tests par PCR ... mais, il a étalé les sites des laboratoires pouvant réaliser ces tests sur les 12 régions du Royaume. Ceci devait accompagner la période de déconfinement afin d'essayer de limiter la progression du virus dans le royaume".

Ces efforts seraient incomplets au regard de la pression importante subite par les laboratoires. "Car, leurs capacités d'analyses quotidiennes sont limitées alors que la demande de dépistage n'arrête pas d'augmenter aboutissant à des retards de livraison des résultats des analyses de plusieurs jours dans certaines régions", explique Mikou. Pour lui, le retard constaté pourrait aggraver la situation épidémiologique "car les patients chez qui on suspecte fortement l'infection par le Covid19 se retrouvent sans établissement de soins qui pourraient les prendre en charge en attendant la confirmation positive ou négative de leurs infections d'où la nécessité de créer dans chaque structure hospitalière des services tampons d'isolement". Ainsi, l'on pourrait limiter la propagation du virus pendant cette période d'attente des résultats d'analyses alors que les patients suspects sont libres dans la nature. L'autre alternative proposée en ce sens est "de multiplier d'avantage les laboratoires d'analyses du Covid19 ce qui permettra de réduire le nombre de tests à réaliser quotidiennement dans chaque laboratoire pouvant ainsi de minimiser le délai d'attente pour obtenir les résultats". À ce titre, le secteur privé des laboratoires d'analyses biologiques peut potentiellement apporter sa contribution, conclut Dr Mikou.

Y.S.A.