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Agressions sur les routes: La psychose encore de mise

Par L'Economiste| Le 09/08/2019 - 10:37 | Partager
Agressions sur les routes: La psychose encore de mise
  • Des bandits ont semé la panique sur la RN reliant Fès et Tétouan
  • Ces actes se multiplient pendant l’été causant dégâts matériels et humains

C’EST une véritable psychose qui s’est installée depuis l’agression, le 29 juillet dernier, des usagers de la route nationale (RN) n°4 reliant Nzala de Beni Ammar et Fès. Pour rappel, plusieurs automobilistes ont été victimes d’une attaque menée par des bandits sur la route de Nzala, précisément au km 137, près de douar Skhounat, commune et caïdat de M’haya (Meknès).

Les malfrats auraient ainsi dressé des obstacles pour entraver la circulation et agresser les automobilistes. Résultat: trois véhicules renversés et des personnes terrorisées, blessées, et en plus pillées. Mais, la cavale des agresseurs n’aura pas trop duré, puisque l’arrestation de deux présumés suspects a été annoncée jeudi 1eraoût. Un troisième individu a été identifié et arrêté dimanche dernier. Mais, ceci n’apaise pas la douleur des victimes. Encore moins, la frilosité des automobilistes. Face à cette situation, les hommes du général de corps d’armée, Mohamed Haramou, Commandant de la gendarmerie royale, sont mobilisés pour assurer la sérénité et lutter contre les incivilités sur les différents axes routiers, surtout en cette période des départs en vacances.

Des gangs qui sévissent pendant la nuit

Les routes marocaines deviennent-elles une zone de «Blad siba»? C’est la question que se posent les usagers. Certains ne s’aventurent plus à prendre le volant pendant la nuit. Car, les actes d’agression sont devenus de plus en plus fréquents au point d’interroger les services sécuritaires sur leur rôle de protecteur des biens et des personnes. Il s’agit d’individus armés qui piègent les conducteurs à l’aide de jets de pierres, des bâtons, des clous…etc, causant ainsi de graves accidents. En 2018, l’autoroute qui relie Meknès-Fès et Oujda a enregistré de nombreux incidents de vols et d’attaques à l’arme blanche.

À chaque fois, des conducteurs se sont retrouvés encerclés après avoir essuyé des jets de pierres. D’autres tronçons, ont été le théâtre d’incidents similaires, engendrant parfois le décès des occupants des véhicules, si ce ne sont pas de graves blessures. Rappelons à ce titre, l’agression dont a été victime Mohand Laenser, président du Conseil régional de Fès-Meknès, en février 2018. Quelques semaines plus tard, le Secrétaire général du Mouvement Populaire (MP) est apparu avec un œil au beurre noir.

Pour rappel, Laenser roulait sur l’autoroute reliant Tanger à Rabat. «À la sortie de la ville du Détroit, au niveau de l’oued Tahaddart, vers 23h, nous étions la cible de jets de pierres par des personnes inconnues», rapportait-il. Sa voiture a été sérieusement endommagée. Plus d’un an et demi après cette agression, les séquelles n’ont toujours pas cicatrisé. Décryptage.

Les agresseurs arrêtés, mais pas la psychose

En avril 2018, le ministre de l’Équipement et du Transport Abdelkader Amara, avait déclaré, devant la chambre des représentants, que les autoroutes du Maroc étaient «sûres», ajoutant «qu’une commission nationale représentant tous les départements concernés prévoit des clôtures pour garantir la sécurité des usagers».

Ceci étant, après chaque agression, la psychose règne. Et ce n’est pas l’arrestation des présumés coupables qui apaiserait la colère des victimes ou celle de leurs proches. Certains usagers réclament la peine capitale pour les agresseurs. «Il faut donner l’exemple en prononçant de lourdes peines à l’égard de ces voyous», recommandent-ils. Les victimes de l’agression du 29 juillet 2019 sont du même avis. «Je revenais chez moi à Fès vers 2 heures du matin. Au niveau de la forêt, j’ai été surpris par un obstacle formé de gros cailloux. Un véhicule utilitaire était renversé.

Plus loin, un camion était à l’arrêt et, encore plus loin, une voiture était entourée par quatre personnes portant des cagoules», rapporte l’un d’entre eux. Notons qu’après cet incident les services de la gendarmerie royale ont identifié les présumés bandits en un temps record. Trois jours plus tard (le 1eraoût), le procureur général du Roi près la cour d’appel de Meknès a annoncé que deux individus ont été arrêtés et mis en garde à vue pour leur implication présumée dans cette agression. Dimanche, un troisième individu a été écroué. Malgré leur arrestation, une réelle psychose s’est déjà installée.

En été, les criminels font la loi sur certains axes

Pendant l’été, la route reliant Tétouan à Fès via Ouazzane, Chefchaouen et Zeggouta devient un axe de prédilection pour les voyous. Sur cette route, comme dans d’autres endroits, des bandes armées commettent des agressions, semant la panique auprès des conducteurs. Ils procèdent notamment en jetant des pierres ou des barres de fer sur les voitures du bas-côté de la route pour les empêcher de poursuivre leur chemin, et les déposséder de leurs biens une fois à l’arrêt. La saison estivale connaît une recrudescence des attaques, le trafic de Marocains partant en vacances ou de Marocains résidant à l’étranger revenant au Maroc étant plus intense. «“Il y a quelques années, je revenais du Nord. Il y avait de grosses pierres mises au milieu de la chaussée, près d’Ouazzane. Rapportant ces faits devant des éléments de la gendarmerie, ces derniers m’avaient recommandé un hôtel mitoyen. Passez votre nuit dans cet établissement et reprenez votre chemin demain !” me disaient-ils», raconte rescapé.

D’autres qui n’ont pas eu cette chance souffriraient pendant longtemps des conséquences d’un acte ignoble. D’aucuns diront qu’«il ne faut plus prendre la route la nuit». Outre la sécurité des usagers, ces derniers mettent en garde quant à la prise en charge des dégâts provoqués en cas d’incident du genre. À un numéro d’assistance pas toujours opérationnel s’ajoutent de lourdes procédures pour évaluer la situation et établir un PV, ce qui demande beaucoup de temps et décourage finalement les usagers.

Les autoroutes aussi

Plusieurs usagers ont développé une phobie des ponts et des voyages de nuit sur les autoroutes. «Dans certaines zones, l’on pourrait être victime des jets de pierres répétitifs», déplore un usager. Pour lui, Autoroutes du Maroc doit généraliser les grillages sur les ponts pour éviter que des personnes malveillantes agressent les automobilistes qui les empruntent.

En plus de cette action qui éviterait bien des bris de glace et ferait moins d’infortunés, la vidéosurveillance serait d’un grand apport pour dissuader les malfaiteurs. Idem, il faudrait renfoncer la présence des gendarmes sur les routes pour éviter les dérives.

Y.S.A.