9e Forum pour l’Alliance des Civilisations : La lutte contre les discours de haine en priorité
Invité à participer au "9e Forum Global pour l’Alliance des Civilisations" qui se tiendra à Fès, les 22 et 23 novembre, sous le Haut Patronage ds SM le Roi, Faouzi Skali esquisse la symbolique de l’accueil de cet événement d’envergure diplomatique et internationale pour la première fois dans un pays africain et particulièrement au Maroc.
A quatre jours de l'événement Onusien, l'anthropologue nous livre, en exclusivité, la portée d'une telle manifestation. " M. Moratinos, sous-Secrétaire Général de l’ONU et le Haut représentant auprès de celle-ci de l’Alliance des Civilisations, a souligné que ce choix s’inscrit dans le contexte de ce qui constitue un axe stratégique essentiel de la politique de Sa Majesté qui veille à la promotion de ce dialogue aussi bien à l’intérieur du Royaume qu’à une échelle internationale", note Skali. "Cette politique royale s’exprime également dans le rôle fondamental de Sa Majesté en tant que Président du Comité Al Qods et de l’importance à cet égard du dialogue inter-religieux pour la promotion de la paix au Proche-Orient", renchérit-il. Arrivé hier à Fès, Miguel Angel Moratinos insiste aussi sur le fait que "le choix de cette ville n’est pas aussi un hasard par la charge de son patrimoine historique et de son symbolisme spirituel".
Du même avis, le fondateur du Festival de Fès des musiques sacrées du monde "insiste sur l'importance dudit Forum à l’échelle internationale en ce moment particulier, soulignant que Samuel Huttington avait proposé comme on le sait une grille de lecture de la géopolitique qui selon lui allait prédominer depuis la dernière décennie du vingtième siècle et qui serait basée sur un clash des civilisations". C’est cette théorie que le programme onusien de l’Alliance des Civilisations récuse à juste titre. "L’idée est de ne pas se contenter de subir les événements qui émergent sur la scène internationale mais de les encadrer et les diriger par une construction patiente vers une culture de paix", estime Skali. C’est d’ailleurs la thématique principale de ce Forum. La question des identités collectives est effectivement et paradoxalement de plus en plus présente dans un monde globalisé mais cela impose justement une politique globale en la matière qui puisse être au niveau des défis et conflits qui traversent le monde actuel. "On a pensé dans un premier temps que le clash en question concernait en tout premier lieu les courants idéologico-identitaires, antagonistes, des aires culturelles occidentale et musulmane. L’actualité politique nous montre que l’un des conflits majeurs de notre époque passe par une ligne de faille entre ce que Huttington désigne comme le monde slave et orthodoxe et l’Europe de l’Ouest qui est plutôt laïque et empreinte d’un héritage chrétien différent", analyse l'anthropologue. Selon lui, "la grille des interactions culturelles est pertinente mais n’est pas pour autant figée". Pour ce Forum, le Maroc a voulu mettre l’accent sur un continent qui a d’ailleurs été largement oublié par Huttington : l’Afrique. "Sur ce continent, une gouvernance bien comprise de cette alliance des cultures et des civilisations, notamment sur le plan éducatif, peut jouer un rôle central", confie Skali.
En tout cas, le Maroc a déjà depuis longtemps un rôle actif et essentiel dans le programme onusien. "Car, cette approche est inscrite dans son ADN politique et historique depuis longtemps. Cela se traduit en l’occurrence par des passages du préambule de la Constitution qui est à ma connaissance la seule qui évoque explicitement la nécessité de prendre en compte la diversité des cultures comme une richesse intrinsèque et un levier du développement. Un autre passage de ce préambule souligne la nécessité de combattre toutes les formes de discriminations basées notamment sur les races ou les croyances", souligne Skali.
Notons par ailleurs que c’est le Maroc qui a fait adopter une résolution à l’unanimité par l’Assemblée Générale de l’ONU en juillet 2019 pour la promotion du dialogue interreligieux et interculturel et la lutte contre les discours de haine. "Cette dernière question sera d’ailleurs l’un des axes principaux de ce Forum où elle sera notamment abordée selon le prisme des médias et des réseaux sociaux", conclut Skali.
