
Karim Hajji, le patron de la Bourse de Casablanca, mérite un grand coup de chapeau: il a anticipé et agi de manière à amortir le choc d’une dégradation internationale de son institution. Il mérite d’autant plus que cela dépasse la Bourse. C’est bel et bien le marché financier du Maroc, dans son ensemble, qui est en jeu. Il fallait à tout prix éviter une fuite encore plus grande des investisseurs, étrangers ou locaux. Plus encore: il fallait donner des arguments aux gens qu’ils participent eux-mêmes à maintenir la confiance et éviter que l’image soit trop abîmée. La stratégie a parfaitement fonctionné.
Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait? Ce classement parmi les pays émergents avait été réussi après des années de longs et durs efforts de promotion, tant sur le marché intérieur qu’à l’extérieur.
Il ne faudrait pas se tromper soi-même: cette promotion avait fonctionné, parce que nous avions un bon produit à vendre. Avec, dans ce produit, une politique économique et financière sage, efficace, capable de nous distinguer des autres pays de la région. Nous étions la référence économique, le modèle qui en plus a su s’offrir des élections libres et des islamistes modérés au pouvoir. Tout cela ne vaut plus grand-chose.
Il n’y a rien d’autre à faire qu’à recommencer le travail. Benkirane doit tirer les oreilles de son entourage et lui faire comprendre que l’image financière de notre pays est une donnée stratégique.
Nadia SALAH