
Les retraites, c’est quelque chose de très commode: on peut prévoir très à l’avance, de l’ordre de 80 à 100 ans à l’avance. Il n’y a que deux cas où on ne peut plus prévoir: une guerre qui tuerait une part importante de la population ou alors des gouvernements assez incapables pour créer une crise économique dans le pays qu’ils dirigent.
Les retraites sont prévisibles parce que la démographie est prévisible: les retraités de 2080 sont déjà nés.
Cependant, c’est politiquement compliqué de faire cotiser les jeunes adultes. Ils ont plein d’autres choses à faire de leur petite cagnotte, et puis franchement, comment peut-on imaginer qu’un jour on aura l’âge de ses grands-parents?! Il faut un Etat légitime, et surtout fort de ses réussites économiques et sociales, pour arriver à imposer la discipline des cotisations à tous. Pour l’instant, en dehors du Trône, on ne voit pas qui y arriverait. Même les syndicats ne s’occupent que des salaires des fonctionnaires. Or c’est là que les retraites sont les plus compromises.
Il faut savoir que la croissance d’une population se fait davantage par la fin que par le début: c’est l’espérance de vie qui gonfle les peuples (sauf en cas de guerre). Il faut aussi savoir que les familles marocaines ont un comportement un peu bizarre. De 1970 à 2010, elles avaient tant réduit les naissances, que le Maroc était parti pour être vieux avant d’avoir fini d’être jeune. Et puis brusquement, vers 2012, voilà que les bébés se multiplient mais 1/3 des femmes cessent de travailler. Autant dire que le modèle des caisses actuelles ou de la loi ou du gendarme n’arriveront jamais à faire face.
Depuis 20-30 ans on sait que le Maroc est dans une situation de pré-faillite générale de ses retraites, un système social qui date du protectorat: à part Benkirane, personne ne s’en est occupé. Mais c’est aussi lui qui a négligé l’économie, au point qu’il est de plus en plus difficile de parler de solidarité.