
Quand le Maroc a décidé de changer assez radicalement son approche agricole, il n’y avait pas grand monde pour parier sur la réussite. L’idée répandue était qu’il fallait beaucoup d’argent dans un espace arriéré, donc peu receptif, et ce au moment où les marchés mondiaux fournissaient au meilleur prix possible, en tout cas moins cher que chez nous.
Les marchés sont toujours là mais trop versatiles pour être sûrs. L’espace arriéré s’est révélé réceptif. Quant à l’argent… les comptes restent à faire. Néanmoins, il est évident que la productivité comme la diversification agricole sont en marche. Même les impôts reviennent!
Un autre signe de cette montée en puissance est l’apparition de goulots d’étranglement.
Les circuits de distribution d’engrais, produits phytosanitaires et autres intrants ne sont pas au rendez-vous du minimum de compétences qu’exige la montée en puissance agricole. L’OCP a dû monter au créneau lui-même pour assurer un minimum de formation.
Le transport est dangereux, rétrograde et le plus souvent sans la moindre règle d’enlèvement, de livraison et de sécurité. Il affiche des prix bas mais le coût est en réalité faramineux, car il engendre de lourds gaspillages.
Les hubs de redistribution inexistants, la manutention dépassée, l’emballage sous-utilisé… engendrent des surcoûts immaîtrisables.
Quant aux abattoirs municipaux, il y a plus de vingt ans qu’ils auraient dû être fermés pour contravention à l’hygiène publique. Ne parlons pas des trafics qui s’y nouent. Et par-dessus le marché, ils sont si peu performants que l’abattage demeure largement clandestin.
Pourtant, le financement, qui posait des problèmes réputés insolubles, a réussi à trouver une place efficace, grâce, il faut le dire, au changement radical du Crédit Agricole, un changement que l’on croyait impossible.
Ce point prouve qu’il est possible de changer en pronfondeur les modes de fonctionnement.
Nadia SALAH