
En faisant son travail d’instance incontournable, du moins pour l’heure, de production statistique, HCP a parfois une délicatesse pour asséner des vérités qui blessent. Comme pour celles de la situation du chômage des jeunes et/ou des jeunes diplômés, un serpent de mer récurrent depuis plusieurs années. Parfois ses bases de données sont une mine d’or. D’autres fois, l’analyse des chiffres révèle quelques banalités comme la persistance du chômage longue durée, de la précarité... Sur ce sujet le Maroc pourrait presque se consoler en rappelant qu’il n’a pas le monopole du boulet: un jeune sur sept en Europe (un jeune sur cinq en Italie et en Espagne) est sans travail ou formation.
Ce serait même sans importance si ces indicateurs n’étaient pas devenus une métaphore de l’incapacité à juguler les crises de l’emploi, et si derrière la froideur des statistiques, c’est le désespoir des forces vives du pays qui menace de s’exprimer de manière violente. Bien évidemment c’est encore une fois des dysfonctionnements largement identifiés qui sont sur le banc des accusés: inadéquation éducation-emploi, rigidité du marché du travail et surtout le sempiternel déficit de croissance inclusive.
Hélas! ces diagnostics charrient d’autres informations beaucoup plus inquiétantes, celles du déficit de productivité qui confine une partie des employés de ce pays dans une quasi-clandestinité et quasi-domesticité. Ce qui ne favorise finalement ni le pouvoir d’achat, ni la croissance ni le développement. Lorsqu’on fait allusion à ces sujets d’emploi, c’est avant tout à un grave problème de compétitivité dont il est question. C’est donc à la résorber qu’il faut travailler.
Mohamed Benabid