
A première vue, il y a de quoi saliver. Plusieurs milliards de dirhams d’investissements en perspective, une manne que l’Equipement exhibe fièrement sur sa vitrine. Le plan aurait été presque parfait s’il n’y avait eu un bémol à cette euphorie: les délais de paiement. Il n’est sans doute pas spécifique aux BTP mais l’importance de la commande publique ici permet de ressouligner les enjeux. Si les entreprises, et la CGEM, il y a une semaine à peine, à Tanger, ont relancé ce lancinant débat, c’est qu’il s’agit d’un vrai cancer qui ronge la compétitivité marocaine. On l’a bien vu dans les dernières notes de prévisions des agences d’évaluation des risques pays, Euler Hermes, Coface, ces difficultés de trésorerie figurent parmi les principales menaces et alimentent l’anti-chambre des faillites d’entreprises. Dès lors il ne faut guère s’étonner si les techniques d’affacturage, les fonctions de credit management prennent de l’ampleur même si elles grèvent les coûts pour certains ou obèrent les marges pour d’autres.
On se gargarise un peu trop des enjeux stratosphériques de l’investissement, de l’émergence alors que bien des secteurs ont les yeux rivés sur d’autres dépenses, sur le manque de capital quand il s’agit de financer les stocks ou les retards de paiement. On se décarcasse dans des tentatives désespérées de renforcer les marchés financiers alors que les premiers leviers se trouvent chez ces administrations qui continuent de se financer sur le dos de leurs fournisseurs, méprisants les menaces qu’elles font pointer sur toute la chaîne, l’endettement, la qualité du risque dans le secteur bancaire. Les rapports de force sont particulièrement déséquilibrés vis-à-vis des petites structures: de nombreuses entreprises sont tétanisées à l’idée de réclamer leur dû de peur de subir des représailles. L’Etat promet de ramener ses démembrements à plus de raison et certains établissements publics ont probablement commencé à se prendre en main. Seulement, l’effort n’est pas partagé par tous.
Mohamed BENABID
Mohamed BENABID