
UNE énième promesse de réforme: celle de l’occupation du domaine public. Elle mérite que l’on s’y arrête ne serait-ce que parce qu’elle charrie, au-delà des questions de spéculation foncière et immobilière, des histoires de cabanons sur les places, des enjeux d’égalité devant la loi. Sur ce sujet, l’opinion ne perçoit rien d’autre qu’une incapacité à garder une ligne de conduite cohérente. Ce qui est combattu ici est permis là... Au nom de procédures formelles et informelles clientélistes et conciliantes. Quand ce n’est pas tout simplement en narguant des règlements habituellement très pointilleux. Et c’est la raison pour laquelle des écoles de surf, détruites depuis quelques jours sur les plages de Dar Bouazza, à Casablanca, ont plus le statut de victimes inoffensives que de coupables.
L’occupation d’un domaine public impose avant tout le principe d’un usage et d’un traitement égalitaires. Les exceptions doivent être motivées et leurs autorisations transparentes pour tous. A moins d’admettre que le mal est alimenté par la fameuse politique dérogatoire elle-même. Difficile de le contester: présenté initialement comme un assouplissement, un coup de pouce aux projets d’investissement, le système s’est transformé au fil du temps en pratiques de contournement de l’urbanisme réglementaire. Et vers la fin, il n’est même pas certain que l’investissement, dans le sens noble du terme, c’est-à-dire de création de valeur économique, en soit le premier bénéficiaire. Partant de l’idée qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, le gouvernement est finalement confronté à un arbitrage binaire. Soit que l’engagement est sincère et qu’il s’agit d’aller le plus loin possible dans le traitement égalitaire du domaine public. Soit que les applications de la réforme risquent d’être sélectives et auquel cas, il vaut mieux ne pas réformer du tout.