
Coup de froid, tempête… avec probablement quelques risques d’euphémisme, chacun trouvera le qualificatif qui lui sied le mieux pour décrire la conjoncture. L’interventionnisme de l’Etat a sans doute pu atténuer le massacre tant par les dispositifs d’aides directes et indirectes que par l’assouplissement d’obligations fiscales ou sociales.
Ce que montrent les différentes analyses que nous publions depuis plusieurs jours, c’est que les prochains mois pourraient être plus terribles encore, les premières estimations évaluant à 412 milliards de DH les pertes de chiffre d’affaires des entreprises.
Le bilan pourrait être plus lourd, les recettes n’étant pas de retour pour de nombreux pans économiques, les PME tout particulièrement, où les impératifs de distanciation compromettent le retour à une activité normale.
La plus grave menace est de devoir subir le diktat d’un tsunami qui touche plusieurs entreprises en même temps. Du coup, dans une réaction en chaîne, la crise des trésoreries continue de s’alimenter des pertes sur les crédits commerciaux. S’en tenir à la question des liquidités reste en tout état de cause une grille de lecture optimiste.
Le rythme, l’intensité de dégradation, ainsi que la capacité de résilience des entreprises, conduisent d’ores et déjà à surveiller des symptômes plus graves et à fortes charges émotionnelles, telles que les fermetures et les faillites. Ce scénario sera décisif et pas seulement pour mesurer l’ampleur de la crise économique.
Si les défaillances d’entreprise se multiplient, il faudra alors s’inquiéter pour les menaces qu’elles pourraient porter dans les bilans des banques. Des banques à qui il est reproché aujourd’hui de ne pas ouvrir suffisamment les vannes. Ce n’est qu’un avant-goût de ce que pourrait être véritablement le credit crunch tant redouté. Car dans ces conditions, c’est la possibilité même d’une crise financière qui serait posée.