
Face à la corruption, le Maroc semble désarmé. Toutes les initiatives engagées pour endiguer ce fléau n’ont pas donné les fruits escomptés. On aura tout essayé: sensibilisation dans les écoles, pièces de théâtre, Instance de prévention… L’ancien gouvernement, juste avant de partir, avait mis en place une stratégie nationale dédiée. Une panoplie de déclarations d’intention, sans prise sur la réalité.
L’exécutif actuel continue dans la même lancée, avec une commission interministérielle, mais sans impact notable sur la réalité du phénomène. Pendant ce temps, le compteur de la corruption continue de tourner.
Devant le silence des pouvoirs publics, le phénomène s’est développé au point de toucher des pans entiers de l’économie, notamment la passation des marchés publics, le trafic d’influence, les conflits d’intérêts et d’autres pratiques sanctionnées par la loi sur la concurrence et la liberté des prix.
Depuis plusieurs années déjà, les rapports de la Cour des comptes, de l’IGF,… ne font plus trembler les managers publics. Aujourd’hui, la nécessité d’imposer la moralisation de la vie publique exige la mise en place de sérieux mécanismes de contrôle. Il s’agit essentiellement de changer d’approche, en misant sur des actions coup de poing pour l’exemple, notamment en s’attaquant aux «écosystèmes» de la corruption à grande échelle.
L’idée est de «nettoyer les escaliers en commençant par le haut». Le lancement de la nouvelle Instance nationale de lutte contre la corruption pourrait offrir une fenêtre d’opportunité. Mais, pour éviter qu’elle ne se transforme en coquille vide, deux conditions sont impératives: une volonté politique forte et une mise en œuvre implacable de la loi. Le reste suivra.