
Dans les années 1960-70, Madrid se plaignait amèrement de Gibraltar, ce petit morceau d’Empire britannique vissé sur le bout de la péninsule Ibérique. Effectivement, il attirait toutes sortes de trafics, plus la pression des passeurs et migrants clandestins.
L’affaire se reproduit avec les présides, petits morceaux d’Espagne, vissés sur le nez de l’Afrique. Hier, vagues après vagues, quelque 800 personnes ont attaqué les gigantesques triples barrières (7 mètres de haut!) de Melilla.
Pour les migrants clandestins, des frontières terrestres sont tentantes car elles sont moins dangereuses que les mers ou les détroits. Si les attaquants sont bien organisés, il existe une probabilité de submerger les gardiens. C’est un stratagème aussi vieux que l’humanité.
Les migrants passent certes par le Maroc, mais notre pays n’y peut pas grand-chose: ses propres ressortissants se font rares dans les flux migratoires.
Il n’y a aucune chance que le phénomène s’arrête, tant que la géographie ne sera pas combattue par un monumental enrichissement de l’ensemble du Continent africain.
Or le Maroc n’est ni assez riche, ni assez peuplé pour commander, à lui seul, le développement de l’Afrique subsaharienne.
Il accomplit ce qu’il peut en matière de transferts de savoir-faire et d’investissements, et il faut reconnaître que c’est bien mené. Rabat ne peut rien faire de plus.
Il ne peut être tenu à aucun devoir supplémentaire, si ce n’est le secours humanitaire, ce qui est déjà un effort important puisque, en regardant le PIB par tête, un Marocain a quinze fois moins de moyens qu’un Européen.
En particulier, il est tout à fait hors de question que le Royaume investisse ses hommes, ses finances et ses compétences pour faire le chien de garde à la porte de l’Union européenne. Surtout que les zones les plus sensibles sont, par-dessus le marché, les restes d’une colonisation qui n’est toujours pas réglée.
Nadia SALAH