
L'arrivée hier du premier vol commercial israélien confirme bien que le rapprochement entre Rabat et Tel-Aviv n’est pas de façade, mais s’appuie au contraire sur un projet mature et auquel les deux partenaires viennent de donner chair.
Si la raison d’être de cette coopération a été réaffirmée à travers la déclaration conjointe signée devant le Roi, l’événement n’en demeure pas moins un joli coup diplomatique.
Dans un contexte géopolitique international en plein bouleversement, le Maroc était appelé naturellement à adopter une approche pragmatique, à hiérarchiser ses priorités en matière de politique étrangère et à ne pas hypothéquer les options d’avenir. Sans pour autant renier ses engagements sur la question palestinienne, le nouvel axe de coopération permet au contraire d’interagir de manière plus directe avec l’Etat israélien sur le dossier.
Au demeurant, dans une région, le Proche-Orient, éternellement exposé à des crises larvées ou à des spirales incontrôlables, il est impossible de composer une thérapie sans tenir compte des intérêts d’Israël qui reste qu’on le veuille ou non une puissance indispensable et surtout fréquentable. Ce que plusieurs pays arabes du Golfe, ainsi qu’une Turquie défenderesse autoproclamée de l’orgueil islamique, ont fini par réaliser.
Dans un monde en profonde mutation qui impose d’être imaginatif en matière de politique étrangère, de défendre son modèle, de prospecter de nouvelles alliances, le Maroc n’arrive pas par effraction sur ces territoires. Bien au contraire, la réadaptation des paradigmes diplomatiques est articulée en parfaite cohérence avec ses choix originels, libéraux ou d’ouverture civilisationnelle et de dialogue.
D’ailleurs les Israéliens et les Américains aussi l’ont bien compris: le Maroc est perçu comme un pays qui compte et conserve une centralité incontournable. N’en déplaise à ceux qui tiennent au statu quo et ne voudraient surtout pas renoncer à des héritages idéologiques post-coloniaux et tiers-mondistes.