LES chiffres du dernier rapport de la Banque Mondiale sur le foncier marocain sont saisissants: Comment le Maroc a-t-il réussi à se mettre aussi en retard et dans une situation aussi inextricable? Et une situation aussi préjudiciable au développement industriel et surtout au développement agricole?On peut arguer des différences de statut des terres d’une région à l’autre, d’un gestionnaire à l’autre, d’une tribu à l’autre. On évoquera l’accumulation historique de statuts aussi différents que le(s) statut(s) préislamique(s), l’influence contrastée du droit musulman, le droit colonial, les pratiques de l’Etat, elles-mêmes différentes suivant que le foncier relève des Finances, des Habous, de l’Intérieur… Un capharnaüm sans nom qui abrite toutes sortes d’abus et de spéculations stériles.Pour tout ceci, on peut évoquer l’histoire, la sociologie et le manque de courage politique.En revanche, les retards d’immatriculation qu’affiche la Conservation foncière, n’acceptent aucune justification, hormis un «je-m’en-foutisme» qui dure depuis trente ans.Qu’on en juge: chacun le sait, les demandes d’immatriculation sont trop rares, et pourtant, aujourd’hui, il y a presque autant de dossiers bloqués que de dossiers réglés depuis… 1915. Oui, vous avez bien lu: depuis 1915!On dira que c’est à cause des recours judiciaires, qui sont longs et incertains. Pas du tout! Seulement 5% de ces dossiers bloqués attendent la décision d’un juge. Le reste, tout le reste, est le fait de l’incompétence et de la lenteur de la Conservation foncière. Le phénomène est si massif qu’on en vient à se demander si tout cela n’est pas volontaire. Il y a quelques années, un nouveau patron de la Conservation foncière avait engagé une forte politique anti-corruption. Soudain, étaient apparues des grèves du zèle et grèves tout court. Les mauvais esprits ne sont pas les seuls à voir là un lien de cause à effet…, y compris pour les retards!Nadia SALAH
L'Edito
Capharnaüm
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