
Est-ce bien une «transformation» ou un «retour» à un usage de mosquée, qu’Erdogan, le chef de l’Etat turc, applique à Ayasofya i kebir camii (Sainte- Sophie la grande mosquée). La réalité est qu’elle est toujours restée un lieu de prières et, en même temps, la seule mosquée ouverte aux visites. C’est ce dernier point qui changerait, et encore, pas sûr.
Le plus intéressant de l’affaire n’est pas là.
Erdogan a voulu en faire une guerre de religion, qui n’existe que par sa médiatisation. Il a réussi: c’est un maître en la matière.
Tout un monde de politiciens, penseurs, journalistes, professeurs européens… se sont immédiatement mis à grimper aux rideaux. Inversement, il n’y a personne pour les milliers de juges, journalistes, professeurs… emprisonnés en Turquie.
Or il y a eu un incident naval nettement plus grave le 10 juin 2020. Une flotte turque (protégeant un bâtiment civil en route pour la Libye) s’est montrée agressive envers, successivement, des navires de surveillance grecs, puis italiens, puis français. Paris a fait un peu de tapage à l’OTAN. L’ambassadeur turc en France a répondu, sans rire, que la frégate française avait fait une queue de poisson à la flotte turque (sic!). Et c’est fini.
Comme on le sait, Ankara a pris pied en Afrique du Nord, avec des mercenaires syriens extrémistes, ayant perdu leur guerre contre Assad. La menace est assez forte pour inquiéter l’Algérie qui a fait dix ans de guerre terrible contre ses propres extrémistes.
Le Maroc continue sa sieste. Espérons qu’il ne dort que d’un œil. En effet, l’installation turque raisonne ici à travers le courant des Frères musulmans, les mêmes qui voulaient, contre l’intérêt du Royaume, qu’Ankara gagne son agression commerciale sur le Maroc…