On se souvient d’un article retentissant paru le 14 juin dans le New York Times . Son auteur annonçait la découverte en Afghanistan par les Etats-Unis de gisements miniers, non seulement imposants mais riches de minerais très divers, fer, cuivre, plomb, zinc, cuivre, certains plus rares comme l’or, l’argent, le marbre, l’amiante, le mercure, ou très demandé comme le lithium aux multiples usages industriels (électronique, industries spatiales, batteries) et même médicaux. Six semaines après la publication de cet article, une fois retombés les remous médiatiques marqués par un certain intérêt mâtiné de doute, il n’est pas superflu de se demander ce qu’il advient de cette information dont on ne trouve plus guère d’échos. Son éventuelle véracité peut donner un espoir à l’intervention occidentale, ouvrir de prometteuses perspectives à l’Afghanistan, motiver politiquement des Américains et leurs alliés, pourtant pressés de ramener leurs soldats à la maison. Deux questions se posent: ces informations sont-elles fondées? Dans l’affirmative, l’Afghanistan peut-il en attendre son salut ? A la première question, on est tenté de répondre par « oui», à la seconde, par un «oui, peut-être», nettement moins catégorique!Oui, l’Afghanistan recèle dans son sous-sol des ressources minières à la fois très variées et probablement abondantes. Très vite, après le 14 juin, des lecteurs curieux ont pu découvrir sans la moindre difficulté que l’information livrée par le New York Times n’était pas précisément nouvelle. Dès les années 1980, les Soviétiques avaient relevé de nombreux indices. Quelques prospections, forcément partielles, avaient identifié des gisements dont quelques uns étaient d’ailleurs déjà connus. Bien entendu, une prospection systématique demeure à mener. Cela exige du temps et des efforts, surtout dans un pays en proie à une insécurité quasi générale et permanente. Les Américains ont donc pu fort bien découvrir de nouveaux gisements et améliorer les connaissances que l’on peut avoir sur les ressources minérales déjà découvertes dans ce pays.Au milieu des années 1980, le gouvernement afghan s’apprêtait à exploiter sur une grande échelle certaines mines avec le soutien technique des Soviétiques. A l’époque, priorité avait été donnée aux vastes réserves du pays en fer et en cuivre. A leur tour, les Américains, en 2006, ont entamé des discussions avec les autorités afghanes sur le meilleur moyen d’exploiter ces richesses. En 2009, le gouvernement afghan commençait à lancer des appels d’offre pour divers projets d’exploitation minière. Deux ans plus tôt, une société chinoise d’Etat (MCC, voir encadré) avait acquis pour trois milliards de dollars, la mine de cuivre d’Aynak, dans la province du Logar, au sud-est de Kaboul, et engagé des travaux préliminaires. Toutefois, l’insécurité générale, l’incertitude sur le devenir du régime afghan, l’irrationalité supposée du mouvement taliban n’incitent guère les investisseurs à prendre des risques. De plus, les infrastructures manquent, en particulier les routes et les voies ferrées dont l’existence constitue un indispensable préliminaire à toute exploitation rationnelle de quelque minerai que ce soit. Or le gouvernement afghan n’a ni la capacité, ni les moyens de les aménager. Dans ces conditions, les uns et les autres sont tentés d’attendre le retour de la paix pour s’engager dans des investissements aussi risqués.
«Le beau patrimoine minéral de l’Afghanistan n’a pas échappé à ses voisins chinois. Une société d’Etat, China Metallurgic Group Corp (MCC), n’a pas hésité à débourser plus de 3 milliards de dollars, bien plus que n’étaient prêts à débourser les grands mineurs internationaux, pour mette la main sur la mine de cuivre d’Aynak, dans la province de Logar. Selon une étude de l’US Geology Survey, ce gisement contient 12 millions de tonnes de cuivre, soit une valeur de 88 milliards de dollars. Globalement, ce seraient 60 millions de tonnes de cuivre qui seraient présents dans les sous-sols du pays.Les mineurs chinois pourraient bien créer un gigantesque « hub » cuprifère entre les mines de cuivre d’Afghanistan et celles du Pakistan, tout proche…Ce sont bien le cuivre et le minerai de fer, également massivement présent en Afghanistan, et dont l’industrie chinoise a un ardent besoin, qui sont les priorités du grand voisin. Avec 2,1 milliards de tonnes de minerai de fer, la zone de Kaji Gak, constitue le plus important gisement non encore exploité d’Asie». (Daniel Krajika, L’Usine nouvelle, 16 juin 2010.)
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