De notre correspondante dans le Nord, Ilham BERRADA
· Multiplication des incidents avec du sang versé!
· La lutte contre la contrebande organisée est le premier souci de la Douane
· 90% des "contrebandiers" sont des femmes
Le spectacle sur la frontière de Beni Ensar est chaque jour hallucinant: trois queues de voitures et des milliers de Marocains traversant. Il y a certes ceux qui travaillent à Melillia et d'autres qui font l'aller-retour pour s'acheter de la marchandise. Dans cette dernière catégorie, il faudrait conjuguer au féminin. Parce qu'en effet 90% des "contrebandiers" sont des femmes. Mais le spectacle, parce que c'en est un, est encore plus inquiétant à la sortie. Ces femmes et ces hommes, ainsi que quelques enfants, font l'aller et le retour en moins de quelques heures en vue de faire passer la marchandise. En effet, cette dernière défile au grand jour et devant tous les contrôles A quoi sert alors la douane? «Nous subissons cette situation. Et les contrôles se font en aval», explique à L'Economiste M. Abdelkrim Benhalima, directeur régional de la Douane à Nador. A quelques kilomètres de la douane, effectivement les contrôles se multiplient. Ils deviennent même abusifs aux yeux des habitants de la région.
La lutte contre ce commerce illégal, qui ronge l'économie du pays, est sans aucun doute difficile. Et dans la région, ils sont nombreux à dire que «l'Alternance est arrivée, mais il n'y a pas eu l'alternative». En effet,
comment lutter contre le gagne-pain de nombreuses familles? «Il faut être courageux, sans dignité, pour ne travailler que dans la contrebande. Certes, c'est une source non négligeable d'argent facile. Personnellement, je n'ai pas pu continuer dans cette voie. Nous étions maltraités, insultés Ce n'était pas pour moi», explique à L'Economiste Hicham, ex-contrebandier et aujourd'hui employé au centre commercial de la ville de Nador, chez un vendeur de contrebande.
«Nous sommes conscients que cette contrebande fait vivre des milliers de foyers. Mais il faut savoir que notre première préoccupation est de lutter contre la contrebande organisée», précise M Benhalima. C'est en effet une bataille quotidienne où l'utilisation d'armes n'est pas exclue. C'est la nuit que les agents de la Douane se livrent à la chasse aux contrebandiers. Dans l'obscurité, les convois arrivent à vive allure et ignorent les barrages. Commence alors la poursuite des malfaiteurs armées d'épées et de grosses pierres. Chaque jour donc c'est une bataille, qui souvent se termine avec du sang versé, de part et d'autre. C'est certes au détriment d'une vie, loin d'être dépourvue de danger, que les agents de la Douane confisquent quotidiennement quelque 20 millions de DH de marchandises.
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