. Jouahri veut que les banques prennent sur leur marge. Les banquiers hésiteront avant de croiser le fer avec luiLe conseil de Bank Al-Maghrib (BAM), réuni le 23 septembre, a revu le taux directeur à la hausse, de 3,25 à 3,50%. Pour le gouverneur de la banque centrale, Abdellatif Jouahri, cette mesure a été décidée pour contrecarrer l’inflation. Deuxième objectif: calmer les crédits. Mais le gouverneur joue serré. Il ne veut pas être accusé de freiner les investissements, une option qui passerait très mal sur le plan politique. Plus complexe, environ 40% des crédits, notamment immobiliers, sont souscrits à taux variables. La hausse du taux directeur, mécaniquement, provoque une hausse des mensualités… C’est pourquoi le gouverneur a pris les devants en disant haut et fort que les «banques ne mourront pas si elles diminuent leurs marges bénéficiaires».Pour convenir de ses modalités d’application, une réunion est prévue ce lundi entre BAM et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM). Cependant, aux dires de certains professionnels, cette rencontre ne permettra pas encore de déterminer l’impact réel du relèvement du taux directeur. En tout cas, tout laisse croire que les banquiers tiendront compte des recommandations du gouverneur de BAM. Abdellatif Jouahri a en effet insisté sur la «globalité de cette orientation», dictée plus par des considérations économiques que financières (cf. notre édition du 26 septembre).Ce ne sera donc pas sous le mandat de Jouahri que le Maroc glissera vers les exubérances irrationnelles qu’a connues la finance mondiale et dont on voit les conséquences aujourd’hui. «Les banques ne doivent pas tirer profit de cette situation (de hausse des taux)», met en garde Jouahri. Au moment où nous mettions sous presse, la communauté bancaire semblait bien disposée à l’égard des demandes du gouverneur. Une source bancaire, qui ne veut pas être citée, expliquait dès vendredi que «la répercussion sur les taux d’intérêt ne sera pas systématique, il y aura plus probablement un examen un peu plus approfondi de chaque dossier». Une autre source indique que «tout dépend de la fréquence du recours au refinancement auprès de BAM, pour qu’il y ait répercussions ou pas sur le client final». Autrement dit, «si une banque a recours au refinancement de BAM de façon régulière, elle sera obligée de le répercuter ailleurs», souligne la même source.
Les créances des banques sur la clientèle continuent d’augmenter. Pour le mois d’août, les crédits aux particuliers dédiés à l’immobilier ont progressé de 20,91% par rapport au même mois de l’année précédente. Quant aux crédits alloués pour la promotion immobilière, (c’est-à-dire pour les particuliers désireux de construire leur logement ou leur local commercial), ils sont en hausse de 192,62% en comparaison avec août 2007. Pour ce qui est des crédits à la consommation ainsi que des crédits à l’équipement, ils ont respectivement augmenté de 35,73 et de 25,31%.A.B. & B.T.
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