· Les producteurs ne maîtrisent pas la commercialisation
· Spéculation en aval du circuit
Les producteurs d'oeufs et de poulets sont en colère. Et pour cause, la distribution dans le secteur ne profite qu'à des intermédiaires.
En fait, si la loi du marché suppose une régulation par l'offre et la demande, la distribution dans le secteur avicole, elle, est soumise à la loi des intermédiaires. «Ces derniers s'érigent en de véritables détenteurs de la valeur ajoutée par leur capacité à maîtriser les flux de marchandises qui transitent d'amont en aval», résume M. Ahmed Idrissi Kaïtouni, président de l'Association des Producteurs de Poulets. Cette montée au créneau des aviculteurs contre les intermédiaires s'explique surtout par leur incapacité à maîtriser la commercialisation. Car pour ce faire, cela nécessite à la fois de gros investissements, mais aussi une application de la réglementation en vigueur. Ainsi, pour garantir la salubrité des poulets par exemple, la tuerie doit s'effectuer dans des abattoirs modernes et les produits transportés par des camions réfrigérateurs. Or, ajoute M. Idrissi, cela occasionnera un surcoût de production qui ne manquera par d'entraîner automatiquement la disparition des producteurs, compte tenu du prix pratiqué par les abattoirs traditionnels. A rappeler que le Maroc ne dispose que de deux abattoirs «modernes». Il s'agit de ceux de Rabat et de Tanger.
Même configuration pour le circuit de distribution des oeufs. Les producteurs accusent les intermédiaires de désarticuler le circuit. «Ils font la pluie et le beau temps dans ce secteur», conteste un producteur. En fait, le problème est celui de l'élasticité des prix entre les segments des producteurs, des intermédiaires et ceux des détaillants. Car, plus le débit de l'écoulement des oeufs et poulets est lent, plus les tarifs pour les consommateurs flambent. De facto, les producteurs se voient obligés de baisser leurs prix, pourvu que leurs marchandises soient vendues. Cette spéculation est, selon les aviculteurs, très fréquente. Pour eux, cela permet aux intermédiaires de réguler le marché selon leurs propres besoins et non selon ceux du destinataire final. Résultat: le consommateur moyen qui n'a pas le pouvoir d'achat pour la viande rouge se voit également dissuader de la consommation des oeufs et du poulet.
Hassan BOUCHACHIA
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