. Le grand retour à l’échelle mondiale. Maroc: Entre ébauche de la réflexion et actions réellesLe 3 mai 1979, le Maroc signait le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (DESC), bien avant la France (1980) et la Belgique (1983). Il avait également une décennie d’avance sur son voisin algérien qui ne signa le pacte qu’en 1989. Toutefois, l’engagement pris précocement par le Maroc avait, tout au plus, une valeur symbolique. Les droits économiques, sociaux et culturels, qu’on appelait également droits de deuxième génération, n’avaient pas de prise réelle sur les sociétés. Ils suscitaient, pour le moins, très peu d’enthousiasme de la part des ONG que les droits civils et politiques faisant l’objet d’un Pacte international paru en 1966. Pris en otage d’une querelle entre les deux blocs, lors de la guerre froide, les DESC sont sortis de leur anonymat durant la décennie 90 à la faveur d’un activisme des ONG. Les plus grandes se sont appropriées la cause au milieu des années 90. La Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), Médecins sans frontières ou encore Amnesty International, dernière convertie à la cause en 2001, se sont investis dans ce terrain longtemps délaissé. . Opération de camouflage?L’onde de choc des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis a été un révélateur. Pour beaucoup, la fracture économique aurait conduit à la catastrophe. Serait-on étonné aujourd’hui de voir émerger aux Etats-Unis une initiative visant à «assurer une alimentation convenable à tous les enfants du monde». Le projet vient d’être présenté devant la commission sénatoriale des relations étrangères par un ensemble d’organisations américaines. Il vise non moins de «réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de la population mondiale qui souffre d’une faim et d’une pauvreté extrêmes». Sursaut tardif? Opération de camouflage ? Dans un contexte de montée des revendications d’équité et de justice dans le monde, relayées par les ONG et notamment le forum social international, les grandes puissances et les multinationales mises à l’index seraient à la recherche de caution morale. Il est évident que le coût annuel de l’alimentation de ces enfants, qui reviendrait à 80 dollars par famille vulnérable, soit au total 8 milliards de dollars par an selon les estimations apportées, ne pèse rien dans les budgets de ces firmes transnationales. Cependant, la question se pose toujours au sujet de l’efficacité des actions entreprises pour la promotion effective des DESC dans le monde. D’aucuns proposent d’adjoindre au pacte international un protocole facultatif permettant de recevoir des plaintes d’individus ou de groupes, d’autres suggèrent la mise en place d’un conseil de sécurité économique et social au sein de l’ONU. Des vœux que nargue la réalité. L’accès aux DESC reste une utopie pour des populations entières. Le Pacte international, qui tout au plus invite les Etats à permettre aux populations un accès progressif aux DESC, favorise une telle situation. Aujourd’hui pourtant, il y a urgence. Officiellement, le Maroc se serait inscrit dans la nouvelle démarche. En témoigne une profusion de discours sur les DESC. La réalité ne dépasserait-elle pas une ébauche de réflexion sur le sujet? Les avis divergent sur la question. Khadija RIDOUANE
Chère lectrice, cher lecteur,
L'article auquel vous tentez d'accéder est réservé à la communauté des grands lecteurs de L'Economiste. Nous vous invitons à vous connecter à l'aide de vos identifiants pour le consulter.
Si vous n'avez pas encore de compte, vous pouvez souscrire à L'Abonnement afin d'accéder à l'intégralité de notre contenu et de profiter de nombreux autres avantages.