
L’Institut national de recherche agronomique navigue à vue. Et en tout, il se trouve en marge de la stratégie agricole. C’est le constat qui émerge avec force du dernier rapport de la Cour des comptes. Ceci est flagrant au niveau du déficit de programmes de recherche et de l’absence de structure de coordination avec les centres régionaux. A tel point que le processus d’élaboration des projets se distingue «par des insuffisances d’organisation et de pilotage affectant le choix stratégique de ces projets», relèvent les magistrats financiers. D’ailleurs, l’INRA ne s’est jusqu’à présent intéressé qu’à la création variétale des plants et semences. La recherche ne s’est pas étendue aux autres acquis (techniques culturales, procédés de transformation agro-industriels, formulation d’aliments composés, …). Et même dans l’activité de création de variétés botaniques, le résultat n’est pas à la hauteur de l’effort déployé en termes de ressources engagées. A peine, 129 sur les 231 variétés inscrites ont été concédées aux sociétés semencières, soit 57,6%. Ce taux ne permet pas de valoriser la création variétale qui s’étale, en général, sur 10 à 12 ans. Défaillance de taille, les orientations retenues au titre des programmes de recherches pour les périodes 2009-2012 et 2013-2016, ne sont pas inscrites dans une vision globale à long terme. Elles ne découlent pas non plus d’une stratégie formalisée en conformité avec les attentes de la tutelle ni assorties d’objectifs et d’indicateurs d’évaluation. «Ceci, bien que l’institut ait été invité, en 2010, à aligner ses projets sur les objectifs du plan Maroc vert (PMV), il ne s’est pas doté d’un plan propre à la recherche pour accompagner la stratégie agricole», dénonce la Cour des comptes.
En matière d’identification et d’orientation de recherche, l’INRA manque de structures de prospection. C’est la mission dévolue au Conseil national consultatif d’orientation de la recherche agronomique, prévu par l’arrêté portant organisation de l’INRA, et qui n’a jamais vu le jour. Pour les consultations externes, l’INRA manque, également, de structure dédiée à l’organisation de la concertation et du dialogue sur les besoins de recherche avec les partenaires socio-économiques, les professionnels, et les acteurs publics. Ce qui exclut la prise en charge et le traitement des besoins en recherche croissants et diversifiés des différents acteurs. De façon générale, les projets sont mis en œuvre individuellement par les chercheurs les ayant proposés sans recours aux compétences et profils exigés par la nature de la recherche. De même, certains projets s’écartent des missions de l’Institut de recherche, telles que des activités d’assistance technique, de vulgarisation ou de demande d’expertise. In fine, la production scientifique est jugée très faible. Sur trois années, il a été enregistré 0,28 publication par chercheur et deux brevets d’invention à l’échelle de tout l’Institut.
Faibles ressources humaines et financières
L'Institut national de recherche agronomique vit une situation critique qui peut induire à terme la cessation de ses activités. Départ volontaire oblige, l’effectif de son personnel est passé de 1.783 en 2004 à 922 en 2014. Sur la même période, le nombre de chercheurs est passé de 256 à 187, soit une diminution de 30%.
En outre, la diversification des profils requise pour les institutions de recherche n’est pas suffisante à l’INRA. En ce qui concerne les ressources budgétaires dédiées à la recherche, elles restent insuffisantes. Le budget de l’INRA, représente en moyenne 0,28% PIB, soit dix fois moins en comparaison avec certains pays (France, 2,79%). Cet indicateur qui renseigne sur l’intérêt limité accordé à la recherche agronomique, reste insuffisant pour pouvoir en faire un levier au service du développement de l’agriculture au Maroc.
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