
Le ministère de l’Enseignement supérieur est confronté à une vague importante de départs à la retraite. Parmi les mesures envisagées pour y faire face, le recours aux contractuels. Surtout que l’effectif des étudiants continue d’augmenter
Une petite révolution s’annonce dans la gestion des carrières des profs. La promotion ne sera plus basée sur l’ancienneté. Dès la rentrée de septembre, le passage au grade de professeur de l’enseignement supérieur obéira à d’autres critères. «Nous allons exiger un minimum d’ancienneté mais surtout de la production scientifique», confirme Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur. Un projet décret fixant les modalités de cette opération est actuellement au Secrétariat général du gouvernement et une grille d’évaluation pédagogique et de recherche sera ainsi mise en place (1).
Avec ce changement, c’est une brèche qui est ouverte dans le système «immuable» de la promotion de la fonction publique. Ce petit pas devrait inspirer son collègue Mohamed Mobdii, ministre chargé de la Fonction publique. Dans l’Administration, les avancements sont fondés quasi exclusivement sur l’ancienneté et coûtent chaque année entre 3 à 5 milliards de dirhams au budget de l’Etat.
Si Daoudi a opté pour le critère de «production scientifique et pédagogique», c’est pour dépasser le blocage dans la promotion des professeurs habilités (PH) au grade de professeur de l’enseignement supérieur (PES). Car, faute de postes budgétaires, près de 2.000 personnes attendent depuis quelques années l’organisation du concours. «Dans la loi actuelle, le rang de professeur habilité ne peut être transformé en celui de professeur de l’enseignement supérieur. Le passage d’un grade à l’autre nécessite la création d’un nouveau poste budgétaire», explique un responsable au ministère de l’Enseignement supérieur. Or la majorité des postes affectés aux universités vont aux professeurs assistants et, depuis 2012, le concours d’accès au grade de PES est bloqué. Les nouvelles modalités de promotion des professeurs permettront de dépasser cette contrainte. Le poste de professeur habilité peut être transformé en celui de professeur de l’enseignement supérieur pour les personnes qui satisferont aux nouveaux critères.
A travers ces changements, le ministère de l’Enseignement supérieur cherche aussi à dynamiser la production scientifique tant au niveau qualitatif que quantitatif puisque les travaux devront être évalués par une commission spécialisée. Celle-ci remplira le rôle de jury et statuera donc dessus.
Aujourd’hui, la production scientifique est jugée faible comparativement avec d’autres pays de la région. Selon les données de l’Institut marocain de l’information scientifique et technique, avec 2.478 articles scientifiques en 2012 le Maroc est au 5e rang des pays arabes. Il est classé loin derrière l’Egypte (10.110), l’Arabie saoudite (9.034 articles) et la Tunisie (3.620 articles).
Une vague de départs à la retraite
Enseignement supérieur va devoir affronter le défi des départs à la retraite. Sur les cinq prochaines années, au moins 1.482 personnes partiront à la retraite (voir infographie). Un allongement de l’âge de départ de cette catégorie paraît impossible puisque contrairement aux autres fonctionnaires, l’âge légal de la retraite des enseignants-chercheurs est fixé à 65 ans. Ils peuvent également opter pour les départs anticipés après avoir exercé pendant 30 ans. «Nous avons des demandes de départs anticipés qui se rajoutent à celles pour limite d’âge alors que les postes créés ne sont pas suffisants», commente un responsable à l’Enseignement supérieur. Surtout que l’effectif des étudiants va exploser à moyen terme. Pour la rentrée 2015-2016, tout le système comptera près de 700.000 étudiants.
A côté des postes ouverts par la loi de Finances, l’Enseignement supérieur compte «rapatrier» les fonctionnaires titulaires d’un doctorat et qui travaillent dans d’autres départements ministériels pour étoffer son staff. Au total, 500 personnes devraient rejoindre l’Enseignement supérieur et réussir auparavant le concours pour décrocher le titre d’enseignant-chercheur. Le concours étant une obligation légale.
L’équipe Daoudi compte également recourir aux contractuels: 300 postes seront ouverts aux doctorants en 2e année et une sélection s’effectuera en fonction des besoins des filières. Un salaire de 5.000 dirhams par mois leur sera accordé pendant trois ans, soit le temps qu’ils finissent leur thèse.
Khadija MASMOUDI
------------------------------------------
(1) Contacté par L’Economiste, le secrétaire général du Snesup est resté injoignable.
Chère lectrice, cher lecteur,
L'article auquel vous tentez d'accéder est réservé à la communauté des grands lecteurs de L'Economiste. Nous vous invitons à vous connecter à l'aide de vos identifiants pour le consulter.
Si vous n'avez pas encore de compte, vous pouvez souscrire à L'Abonnement afin d'accéder à l'intégralité de notre contenu et de profiter de nombreux autres avantages.