
Christiane Taubira, Garde des Sceaux et ministre de la Justice française
Christiane Taubira, Garde des Sceaux et ministre de la Justice française, était présente à la représentation à l’IMA de la controversée pièce de théâtre marocaine. Une présence, selon son expression, de «solidarité». La ministre se dit «sensible aux prises de position, quel que soit le pays, de celles et ceux qui considèrent que les libertés sont essentielles».
- L’Economiste: Pourquoi êtes-vous venue voir cette pièce?
- Christiane Taubira: Partout dans le monde, je suis concernée par la cause des femmes d’une façon générale, d’abord parce que c’est une cause universelle. C’est la question de l’humanité et de sa capacité à reconnaître l’égalité entre les femmes et les hommes et donc l’égalité de tous les êtres humains. Ensuite, j’aime l’art et la culture et voir la façon dont trois comédiennes absolument brillantes s’emparent d’un sujet difficile et compliqué avec courage, parce c’est sans doute plus difficile à monter, à concevoir et à présenter au Maroc qu’à Paris. Il demeure que, justement, lorsqu’on se sent concerné par une cause, il faut lui apporter de la force. Ma présence a cet objectif là, une présence de solidarité.
- En tant que Garde des Sceaux et ministre de la Justice, pensez-vous que les lois font avancer les mentalités ou celles-ci devancent-elles les lois?
- Je crois que la relation est dialectique d’une certaine façon. Les lois influent sur les mentalités et les mentalités inspirent aussi les lois. Je suis respectueuse des lois et de la souveraineté de chaque pays. Il n’empêche que je suis sensible aux prises de position, quel que soit le pays, de celles et ceux qui considèrent que les libertés sont essentielles, et que parmi celles-ci, il y a celle qui consiste à disposer de son corps. Dans tous les pays, les lois sont à améliorer, à parfaire, quelle que soit la force de nos codes, civil, pénal, et de la famille.
- Comment ressentez-vous la condition des femmes en France en tant que personnalité politique?
- En France, on peut considérer que l’arsenal législatif est plutôt accompli, c’est-à-dire les lois qui protègent les femmes et qui reconnaissent leurs droits. Maintenant, la réalité du terrain est différente, d’où la nécessité de veiller à l’application des lois, d’être sévère, de sanctionner.
- Comment faire évoluer les mentalités?
- On change les mentalités par les lois mais aussi parfois par des débats, des actions culturelles, artistiques, des solidarités concrètes, des réseaux, des manifestations internationales. Il ne faut se priver d’aucun moyen. On fait avancer les choses en se battant, ça ne tombe pas du ciel.
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