C’était prévisible. La basse saison conjuguée à la frilosité des consommateurs et touristes français après les attentats terroristes ont eu leur effet sur le tourisme à Marrakech. Le marché de l’Hexagone a reculé de 27% en termes d’arrivées – et moins de 31% pour les nuitées – et ce malgré les réductions des prix concédées par les hôteliers et les compagnies aériennes. Les plus touchés par cette baisse sont les agences de voyages françaises qui annoncent un repli de 65% pour leur corporation (voir article page 13).
Les tour-opérateurs constatent aussi une baisse de régime dans les prises de réservation et commencent à réduire la voilure que ce soit pour les allotements ou encore les sièges aériens, indique Othmane Cherif Alami, voyagiste. Cette incroyable réaction des consommateurs français demeure incompréhensible aux yeux des opérateurs locaux d’autant plus que le Maroc est très loin de toute zone de terrorisme et présente une situation stable. Plus inquiétant que le repli, c’est la durée de cette désaffection qui inquiète les opérateurs.
Marrakech a l’habitude de gérer ces périodes de crise et les incertitudes qui en découlent et ses opérateurs sont rodés et ont déjà prouvé leur capacité de résilience. Mais la baisse d’un marché tel que celui de l’Hexagone qui représente 30 à 40% des flux de la cité ocre peut faire beaucoup plus mal si elle se poursuit jusqu’au mois d’avril.
Un scénario que professionnels et institutionnels écartent pour le moment. «Le choc va passer et les Français ne se passeront pas éternellement de voyage. Et en multipliant les actions de promotion et de visibilité et en diversifiant les segments, Marrakech a et aura toujours de quoi les séduire», espère Hamid Bentahar, président du CRT (conseil régional du tourisme) qui fait du marché français son défi pour 2015. Même son de cloche auprès de la CNT. Son président Abdellatif Kabbaj exhorte les professionnels à rester optimistes pour ce marché traditionnel et le repli sera graduellement absorbé dès le mois de mars.
Pour l’ONMT, il est trop tôt pour dresser un bilan. «Encore sous le choc, les Français ont boudé en janvier toutes les destinations, y compris la France», relativise Abderrafie Zouiten, DG de l’Office.
L’ONMT programme d’ailleurs un plan de communication pour relancer le marché. Et en attendant un retour des touristes français, Marrakech peut compter – heureusement – sur le marché allemand, en hausse de 170% en ce mois de janvier. La compagnie aérienne Lufhtansa annonce même un dédoublement de ses dessertes.
La nouvelle bataille
L’ONMT lance deux actions d’envergure pour relancer la destination France. La première est un soutien de ses partenaires français, les tour-opérateurs en ces périodes troubles. Une convention de co-marketing va être conclue cette semaine entre l’ONMT, la CNT et le Seto (Syndicat français des entreprises du tour operating). Les trois devront fédérer les efforts pour offrir plus de visibilité de la destination Maroc et stimuler la demande.
Le second axe est un plan de communication pour lequel l’Office mise 30 millions de DH et qui démarre dès la fin février. Ce plan prévoit, entre autres, des messages pour confirmer la stabilité du Maroc et informer sur la garantie de la sécurité avec des campagnes TV, radio sur les médias français, des actions RP et de l’affichage. Pour le président du CRT de Marrakech, c’est un bon début et ces actions doivent être renforcées et multipliées par deux pour absorber cette crise.
Badra BERRISSOULE
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