
C’est la pire attaque terroriste dans l’histoire du Pakistan. Six jihadistes talibans du Pakistan ont pénétré dans une école dirigée par l’armée et abritait de nombreux enfants de militaires. Bilan: 141 morts dont 132 d’élèves et 122 blessés. Il a fallu plus de sept heures aux forces de sécurité pour reprendre le contrôle de l’établissement. Après avoir fait irruption dans les salles de classe et tiré sur les élèves, les assaillants se sont retranchés dans un des bâtiments pour être ensuite tous tués.
Le mouvement des talibans pakistanais qui a revendiqué l’attaque a expliqué que l’opération a été menée en représailles à l’opération militaire qui les vise depuis juin dernier dans leur bastion du Waziristan voisin.
L’attaque montre surtout que les talibans s’en prennent surtout aux cibles «faciles», ce qui peut être interprété comme un signe de désespoir face à la pression qu’ils subissent de la part de l’armée. Mais rien ne justifie une cruauté innommable contre des enfants. Une cruauté que même les talibans afghans, auteurs de plusieurs attentats sanglants, ont condamné. «L’Emirat islamique d’Afghanistan (nom officiel des talibans afghans, ndlr) exprime ses condoléances à la suite de cet incident et pleure avec les familles des enfants tués», a déclaré leur porte-parole, Zabihullah Mujahid. «Le meurtre prémédité d’innocents, de femmes et d’enfants est contraire aux principes de l’Islam», ont ajouté les talibans afghans.
Bien entendu, la communauté internationale, y compris le voisin et ennemi indien, n’a pas tardé à exprimer sa condamnation de l’attaque et propose sa collaboration. Mais la réaction la plus forte a été celle du gouvernement d’Islamabad qui a annoncé la levée de son moratoire sur la peine de mort dans les cas de terrorisme. Une décision radicale pour un gouvernement qui a longtemps gardé une position ambigüe quant à l’extermination des mouvements radicaux sur ses territoires. Des attaques militaires ont été conduites contre les talibans mais l’intention d’extermination manquait clairement.
La raison principale de cela est le fait que ces groupes armés ont souvent agi en tant que «mandataires» dans la rivalité qui oppose le Pakistan à l’Inde. Une rivalité qui primait aux yeux des officiels de la sécurité pakistanaise que la menace des groupements terroristes. Souvent, d’ailleurs, des attaques terroristes sont décriées comme l’œuvre de «mystérieuses forces étrangères».
Quant aux dirigeants politiques civils du pays, ils ont depuis longtemps entièrement délégué à l’armée les dossiers sécuritaires et la politique étrangère, en restant laxistes contre la violence des mouvements islamistes radicaux, de peur de «décevoir» une population profondément religieuse. Mais cette fois, la barbarie de cet acte devrait annihiler toute sympathie pour ces groupements terroristes que cela soit du côté des dirigeants politiques ou de la population.
M. L.
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