Le système éducation-formation marocain fait l’objet de sévères critiques, entre autres: l’inadéquation formation-emploi,

Mansour Belkheiri est professeur universitaire et chef de brigade du contrôle fiscal
l’existence de diplômes générateurs de chômage, le rejet de la responsabilité sur autrui, l’absence de la culture de résultats, la carence d’une vision stratégique crédible.
Le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, mis officiellement en place par le Souverain le 16 juillet 2014, est sensé justement répondre aux attentes largement exprimées pour que le système d’enseignement puisse jouer le rôle de levier de développement.
Par sa composition plurielle et sa démarche participative, le Conseil constitue désormais «un espace de veille, de débat et de propositions constructives».
Le Conseil, en tant qu’institution constitutionnelle, qui était en veilleuse depuis bien longtemps, va-t-il, enfin, remédier aux irrégularités constatées? Le conseil est-il capable, cette fois-ci, de conduire à l’adhésion et à l’implication de tous pour apporter une valeur ajoutée collective en termes d’expertise et de savoir faire? Les pistes de réflexion sont très nombreuses. Il est permis de les ramener à l’essentiel, sachant pertinemment que la tâche est lourde et qu’il n’y a pas de baguette magique en la matière.
1 - Le système de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique constitue une question stratégique touchant tout un chacun. La conception d’un système éducatif performant et efficace ne pourrait se réaliser sans une forte mobilisation des synergies. Les discours idéologique et démagogique menant à des discussions stériles paralysantes sont à écarter.
2 - La valorisation qualitative du capital humain représente le créneau stratégique du Maroc où il faut cibler l’intervention et investir davantage. D’ailleurs, l’avenir de la compétition internationale, c’est bien l’investissement en priorité dans le savoir-faire et la formation qualitative. Le monde actuel est marqué par des changements accélérés de tout bord, et tout se base désormais sur la matière grise, clef du succès.
3 - L’établissement d’un véritable partenariat entreprises-universités constitue un puissant vecteur de développement pour affronter les défis de tous horizons. Aussi, une adéquation formation-emploi est une nécessite inéluctable pour rapprocher autant que possible la théorie de la pratique.
Dans ce cas de figure, la dispense d’une formation à la fois académique et opérationnelle adaptée à la nouvelle donne devient la règle. Il n’est question de délivrer, dès lors, que des diplômes qui ont des valeurs sûres permettant, de surcroît, à leur détenteur la protection contre le virus du chômage.
4 - La création effective d’un Centre de recherche scientifique Marocain (CRSM) est capitale pour rassembler les initiatives dispersées dans une seule communauté où une attitude commune s’impose à l’ensemble. Chaque adhérent doit renoncer à une part de son individualisme afin de cultiver «l’affectio societatis» qui est à la base de tout groupement.#img1##
Inutile de créer un tel centre de recherche si ce n’est que pour une question de prestige. Encore faut-il le doter de moyens humains, financiers et organisationnels adéquats pour qu’il puisse mener à bien sa tâche.
Les compétences, installées au Maroc et la diaspora marocaine sont à motiver et à encourager pour les faire adhérer à œuvrer en faveur de cette mission noble de recherche. Par une contribution efficace et fructueuse d’ensemble public - privé (financement, cadres, expertise,….), on pourrait atteindre de précieux objectifs qui s’orientent prioritairement vers les activités porteuses d’avenir.
Chaque entreprise citoyenne, quelle que soit sa taille, doit s’engager à consacrer un pourcentage de son chiffre d’affaires à la recherche envisagée moyennant des déductions en matière fiscale. Apparemment, ladite recherche scientifique paraît logique et simple, mais en réalité des difficultés surgissent. Aussi une mobilisation des bonnes énergies s’impose-t-elle: Etat, entreprises, banques, collectivités locales, université, société civile.
5 - Encore faut-il veiller à la rigueur en matière de gouvernance, notamment la responsabilisation, le suivi de la stratégie assignée et, enfin, le contrôle pour évaluer les résultats obtenus.
Des mesures innovantes d’accompagnement sont à traduire en pratique en termes de sensibilisation, d’orientation, de soutien, etc., pour agir sur les mentalités et comportements archaïques. Car, pour relever les défis, il ne s’agit pas simplement de gérer de manière intelligente l’existant pour sauvegarder les acquis, mais de créer, de prendre des initiatives, de s’adapter aux mutations imprévues, et d’être, enfin, en mesure d’évoluer.
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