
Mustapha Terrab, PDG de l’OCP. Le groupe accélère sa pénétration en Afrique subsaharienne.
Partage. C’est le thème de la participation de l’OCP à la 9e édition du Salon international de l’agriculture. La symbolique renvoie bien évidemment au développement de l’agriculture africaine. Promouvoir la sécurité alimentaire du continent revient aussi à sécuriser le marché des engrais appelé à terme à se renforcer d’environ 2 millions de tonnes, (voir encadré).
A travers sa démarche de «fertilisation raisonnée» déployée depuis quelques années au Maroc, le groupe OCP a élaboré un véritable modèle d’expertise destiné aux autres pays africains. Un schéma axé sur quatre leviers: l’identification des besoins des agriculteurs et des sols, la production d’engrais appropriés, leur distribution via des partenariats public-privé et la vulgarisation de bonnes pratiques agricoles. Ce modèle comprend également un subtil dosage entre la logique du marché et l’impératif de solidarité portée par la Fondation OCP. C’est la même approche transposée dans la promotion de projets innovants à travers un fonds d’investissement dédié. Ce dernier, après avoir débloqué 60 millions de DH, vient de lancer un nouvel appel à projets agricoles, agro-industriels et de services aux agriculteurs.
Engrais: A terme, 2 millions de tonnes de plus
Le protocole d’accord préliminaire, signé en marge de la dernière visite royale au Gabon, prévoit la mise en commun de deux complexes industriels. Une unité de production d’ammoniaque à partir du gaz gabonais et une autre d’engrais phosphatés. L’autre complexe, qui sera implanté au Maroc, comporte également 2 unités. L’une spécialisée dans la production d’acide phosphorique et l’autre dans l’élaboration des engrais phosphatés.
La capacité totale des deux complexes intégrés sera de l’ordre de 2 millions de tonnes d’engrais. Plus de 2 milliards de dollars seront investis conjointement dans ces actifs industriels.
On estime que cet ensemble industriel aura, à terme, la capacité de couvrir au moins 30% de la demande totale du continent. Les engrais produits seront commercialisés et acheminés depuis le Maroc et le Gabon, à travers des circuits régionaux. Dès sa conception, le projet intégrera fortement la logique environnementale ainsi que des programmes de formation professionnelle ciblés.
En Afrique subsaharienne, l’intervention de l’OCP se traduit par des actions concrètes. Le groupe a investi dans une usine intégrée d’engrais à Jorf Lasfar dont la production est entièrement destinée à la région. Il vient d’annoncer également la signature d’un partenariat industriel au Gabon pour la création de deux complexes d’une capacité de 2 millions de tonnes permettant de couvrir au moins 30% de la demande du continent. Ce qui a eu pour effet de déstabiliser les promoteurs d’un projet similaire où sont associés un groupe singapourien et des investisseurs gabonais. Bien auparavant, le phosphatier marocain avait officialisé un autre projet similaire au Mali et en Guinée. Dans ces deux pays, quelque 3.000 petits producteurs seront initiés aux bonnes pratiques d’utilisation des fertilisants. Car, il est question de développer des engrais spécifiques pour des cultures africaines, tels le coton et le cacao. Et ce n’est qu’un volet du processus engagé dans le cadre de l’adaptation de la carte de fertilité des sols. Mali, Guinée et Ethiopie sont déjà mis au diapason de cette carte. «Des tests agronomiques ont été également effectués pour de nouveaux engrais enrichis en Guinée, Ghana, Mali, Côte d’Ivoire, Nigeria, Kenya, Ethiopie, Tanzanie et le Mozambique. Et le dispositif sera bientôt complété par des «contrats-packages», impliquant le groupe, les distributeurs africains et les organismes en charge de l’encadrement des agriculteurs, tel que déjà déployé au Maroc. A cet effet, la signature du 1er contrat-package est prévue pour le 4e trimestre 2014.
Au Maroc, l’expérience a permis une utilisation raisonnée des engrais et un meilleur ciblage de l’aide consentie par le groupe. Ce dernier accorde, en effet, des réductions substantielles sur les prix des engrais phosphatés, mais la bonification profite rarement aux agriculteurs. Ce qui explique d’ailleurs le grand gap entre la consommation et les besoins réels du secteur agricole: 900.000 tonnes contre 2,5 millions.
6 millions d’hectares couverts
Présentée lors de la 5e édition du Siam, la carte de fertilité des sols du Maroc est désormais opérationnelle. A ce jour, 26 zones totalisant 5,95 millions d’hectares ont été cartographiées. S’ajoutent 6,78 millions d’hectares de terres compilées via 533 tests de sols réalisés en 2013.
Fruit d’une collaboration entre l’OCP, le ministère de l’Agriculture et d’autres organismes chargés de son exécution sur le terrain, le projet de carte de fertilité des sols a nécessité une enveloppe de 64 millions de DH. L’objectif est de constituer une base de données géographiques des sols et de développer une connaissance de leur composition et de leurs besoins en fertilisants.
A. G.
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