La filière des viandes rouges a marqué d’importants progrès en ce qui concerne l’amélioration de la qualité et des «L’élevage marocain est facilement reconvertible en bio. Un atout pour le pays de se positionner sur le haut de gamme à l’export», ambitionne le chef de file de la filière des viandes rouges, Hammou Ouhelli rendements du cheptel. A tel point que les objectifs arrêtés pour 2014 ont été dépassés l’année d’avant. Reste à assainir le système d’abattage et les circuits de commercialisation des bestiaux. Mais le président de la Fédération interprofessionnelle de la filière des viandes rouges, Hammou Ouhelli, se veut confiant. A ses yeux, la réforme se dessine avec l’engagement personnel du ministre de l’Agriculture et l’implication des autres départements concernés. Entretien.
- L’Economiste: La filière des viandes rouges a enregistré d'importantes avancées au niveau de l'élevage mais le produit à la consommation reste cher. Quelle explication?
- Hammou Ouhelli: En effet, en matière de production des viandes rouges, les objectifs ont été dépassés avec un volume de 490.000 tonnes en 2013 contre 450.000 prévues en 2014. Ceci, grâce aux programmes d’amélioration génétique des veaux issus du croisement industriel avec les races à viande et de reproducteurs ovins et caprins. Sans oublier l’importation de jeunes veaux destinés à l’engraissement.
Cependant, malgré la flambée des prix des aliments de bétail à l’international, l’intervention des intermédiaires dans le circuit de commercialisation et la variation des taxes d’abattage entre les villes, le prix de la viande à la carcasse n’a pas augmenté. Au contraire, il a baissé. Car, à la signature du contrat-programme, il était à 65 DH/kg alors qu’il s’établit actuellement à 55 DH. Il va sans dire que ce niveau varie selon les découpes et les modes de distribution, mais la référence est le prix à la carcasse.
Si vous voulez dire que la viande rouge est chère pour le revenu moyen, c’est vrai, et nous travaillons ensemble, gouvernement et professionnels, à réduire davantage le prix de revient en préservant la qualité.
- Clandestin ou contrôlé, l'abattage reste insalubre dans la plupart des cas. Qui bloque la réforme des abattoirs?
-Il ne faut pas nier que le secteur d’abattage a connu des progrès considérables. D’abord, la libre-circulation des viandes provenant des abattoirs agréés a été consacrée par la publication du décret n° 2-12-612. Il y a eu, ensuite, la validation de deux cahiers de prescriptions spéciales (CPS). L’un sur les conditions sanitaires et hygiéniques des abattoirs et l’autre sur leur gestion déléguée. A signaler aussi qu’un début de réforme des abattoirs agréés prend forme avec l’engagement direct du ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, et l’implication de l’Intérieur, de la direction des collectivités locales et du département des Finances.
Ce que nous demandons, c’est d’avoir plus de visibilité en ce qui concerne la lutte contre la concurrence déloyale des tueries et autres abattoirs insalubres. Des unités qu’il faut absolument fermer. Il faut aussi harmoniser la fiscalité qui varie d’une ville à une autre. Ceci est de nature à attirer des investisseurs notamment dans la transformation des viandes avec, à la clé, la création de nombreux emplois.
- Le marché aux animaux n'est soumis à aucune norme. Quelle analyse?
- Bien entendu, sans un circuit sain de commercialisation, la modernisation de la filière ne pourrait se faire. Des efforts,

Les efforts d’amélioration génétique et de la productivité perdent tout leur sens si un éleveur ne peut vendre ses bêtes à leur juste valeur
comme ceux liés à l’amélioration génétique et à la productivité, perdent tout leur sens si un éleveur ne peut vendre sa bête à sa juste valeur.
Nos efforts se concentrent sur l’organisation des marchés à bestiaux, en prenant en considération les normes sanitaires, l’infrastructure des lieux de mise en vente des animaux et les critères de définition des prix. Sans oublier les droits et obligations du gestionnaire du marché. Cela permettra plus de transparence et limitera les marges exagérées de l’intermédiation.
- Face à la perspective de l'ouverture du secteur à l'import, quelles adaptations faut-il opérer dès à présent?
- Nous produisons un bétail de qualité naturel et facilement reconvertible en bio et donc prisé à l’export.
En amont de la filière, les efforts doivent être renforcés en matière d’amélioration génétique, d’encadrement sanitaire du cheptel et d’organisation du circuit de commercialisation du vif.
En aval, l’agréage des abattoirs par l’Onssa est reconnu par la Commission européenne, ce qui nous permet de nous positionner sur le segment haut de gamme vu la qualité organoleptique de nos viandes.
La traçabilité totale en 2020
LA traçabilité au niveau des élevages est initiée par le système national d’identification et de traçabilité du cheptel «SNIT». L’opération est inscrite dans le cadre du nouveau contrat-programme des viandes rouges qui s’étale sur la période 2014-2020. La réalisation de cette opération sera confiée aux professionnels en partenariat avec l’Onssa et couvrira l’ensemble de la chaîne de l’élevage, l’abattage et la distribution. A l’échéance 2020, l’interprofession se dit capable d’assurer, non seulement la qualité sanitaire du cheptel, mais également une traçabilité totale des animaux et leurs produits.
Propos recueillis par A. G.
Chère lectrice, cher lecteur,
L'article auquel vous tentez d'accéder est réservé à la communauté des grands lecteurs de L'Economiste. Nous vous invitons à vous connecter à l'aide de vos identifiants pour le consulter.
Si vous n'avez pas encore de compte, vous pouvez souscrire à L'Abonnement afin d'accéder à l'intégralité de notre contenu et de profiter de nombreux autres avantages.