«Nous allons peut-être vers un monde meilleur, mais pour l’instant, la mutation se fait dans la douleur». C’est en ces termes que Jean Aymon Massie, président de l’Association française de gouvernement d’entreprise (AFGE), a décrit la situation économique mondiale dans une rencontre organisée par le centre Links à la faculté de droit de Casablanca. La remise en cause du modèle libéral de Friedman se fait de plus en plus insistante, alors même que la mondialisation continue sur sa lancée.
Dans ce système qui se cherche, les entreprises marocaines ont intérêt à se conformer aux principes de gouvernance d’entreprise si elles veulent subsister. D’autant plus que l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) est en cours de négociation avec l’Union européenne.
Jean Aymon Massie estime que les entreprises marocaines gagneraient à développer une culture du reporting et de reddition des comptes. L’une des manières pratiques de s’y plier est de passer à la systématisation des normes IFRS. Celles-ci permettent de parler le même langage comptable et financier dans le monde. Mises en place au début des années 2000 avec les scandales d’Enron ou encore de WorldCom, ces normes étaient supposées rétablir une communication financière lisible et comparable au niveau international, mais également de restaurer la confiance des investisseurs.
Une confiance dont les entrepreneurs marocains ne peuvent pas se passer, rappelle Massie, s’ils veulent réellement faire du Maroc un «hub africain», ou si l’envie leur prend de croquer dans la pomme de la «co-localisation». Par ailleurs, ils devraient s’investir davantage dans la R&D. C’est l’une des principales faiblesses des entreprises du Royaume. Cela se voit à travers la faible variété de l’offre exportable notamment. Se basant sur les spécificités du marché marocain, Massie cite les biotechnologies et médicaments génériques, la nanotechnologie, les énergies nouvelles ou encore le e-business comme des secteurs très porteurs, à condition que les entrepreneurs décident d’innover et donc d’investir dans la recherche.
Entre ironie et réalisme, Mohamed Berrada, président du centre Links, ex-ministre des Finances et professeur universitaire, rappelle que toutes ces recommandations visent plus les entreprises cotées en Bourse que celles qui sont soumises à bien moins de contrôles, et qui ont souvent une «double comptabilité». Petits dièses, ajoute-t-il, le Maroc a réussi à acquérir une «éducation à la maîtrise des indicateurs» (comme l’inflation) au cours des dernières années. De plus, la réforme en cours du droit des sociétés (les SA plus spécifiquement) va dans le sens de cette maîtrise.
Bonnes affaires de Shenzhen
Jean Aymon Massie, président de l’Association française de gouvernement d’entreprise (AFGE), fait une fleur aux entrepreneurs marocains. Ainsi, explique-t-il, certaines entreprises commencent à lever l’encre de la province économique chinoise de Shenzhen, en raison de la saturation du marché et/ou de l’augmentation des salaires et du niveau de vie. «Pourquoi le Maroc n’en profiterait-il pas?», s’interroge-t-il à juste titre. Avant de rappeler que ces marchés sont très courtisés, et qu’ils ne se laisseront pas approcher tant que «l’opacité n’est pas remplacée par la transparence et la sincérité des comptes».
Rime AIT EL HAJ
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