Peu de scènes peuvent se prévaloir d’avoir vu passer Enrico Caruso au Maroc, celui que l’on considère comme le plus

L’environnement immédiat du théâtre a, bien évidemment, complètement changé. La vue imprenable dont il profitait sur la mer a été couverte par une «kissaria» de 4 étages mitoyenne, se dressant comme un épouvantail sur l’un des vestiges de la belle époque de Tanger
grand ténor d’opéra de tous les temps. C’est le cas du Gran Teatro Cervantes de Tanger qui célèbre ses 100 ans dans la désuétude la plus complète. Dès ses premières années, celui que l’on considère comme le premier grand théâtre du Maroc a accueilli en outre tout le gotha de la scène artistique espagnole et ibéro-américaine de l’époque. Des noms illustres comme Estrellita Castro, Imperio Argentina, ou Antonio Machin sont passés par la scène de cet imposant bâtiment. Celui qui a brillé pendant plusieurs décennies comme l’un des grands lieux du spectacle de l’époque a eu par contre un bien triste devenir. Actuellement, le théâtre tombe littéralement en ruines. La scène autrefois drapée de rouge pourpre et entourée d’une large arche dorée à la main n’est plus que le reflet d’elle-même. Son millier de fauteuils, d’un luxe inouï pour cette période d’avant-guerre ont eu le temps de se décrépir depuis 1990 date de sa fermeture définitive.
Le théâtre avait été construit en 1911 par un couple d’entrepreneurs espagnols. En 1928, il devient propriété de l’Etat espagnol. Il a connu dès lors une longue carrière avec des pièces de théâtre, de l’opéra et même des meetings politiques comme celui de Chakib Arsalane, rappelle-t-on du côté espagnol. En 1974, son exploitation est cédée à la commune de Tanger pour un dirham symbolique. Depuis, il a énormément souffert, atteignant un état de délabrement critique. Il est

vide
même menacé d'effondrement et l'accès y est interdit. Mais les vestiges d'une splendeur passée sont encore là.
Le théâtre est toujours propriété de l'Etat espagnol. Situé en contrebas de la place Faro, il avait dans le temps une vue imprenable sur la mer. Les rumeurs sur une éventuelle restauration ont fusé et continuent mais sans aucun résultat pour l’heure. Il y a quelques années, les Espagnols, qui continuent d’être les maîtres des lieux, ont avancé un budget pour une restauration d’urgence. Cette dernière ne lui avait pas redonné son image d’antan, mais elle a au moins limité les effets de la dégradation dont il souffrait. A l’occasion de son centenaire, des voix se lèvent pour appeler à sa restauration, mais de l’avis des institutionnels tant Marocains qu’Espagnols, cela reste compliqué à mettre en place. Ces derniers ont avancé l’idée de mettre en place une structure commune pour son suivi, une sorte de fondation, mais le financement tarde à se concrétiser. Les obstacles sont bien sûr aussi financiers. La facture risque d’être salée, entre 50 et 100 millions de DH, selon la configuration choisie. Et à supposer que ces fonds soient obtenus, on ignore encore quel usage en faire après sa restauration.
De notre correspondant Ali ABJIOU
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