
L’opposition syrienne, elle-même minée par des luttes intestines, semble perdre la main sur un conflit où l’avantage psychologique est passé du côté de Damas
«L’ethnicisation» du conflit syrien se confirme de jour en jour. De la trame de fond présentée par les médias, faite d’un paradigme «régime dictatorial/rébellion pacifiste», à la guerre interconfessionnelle, la seconde hypothèse semble plus plausible. Dans une vidéo mise en ligne jeudi 6 juin, Ayman Al-Zawahiri chef d’Al Qaïda, a appelé les groupes djihadistes en Syrie à «s’unir pour prévenir la mise en place à Damas d’un gouvernement à la solde des Etats-Unis». Il continue : «les Etats-Unis, leurs acolytes et leurs alliés veulent que vous sacrifiiez votre sang (...), pour provoquer la chute du régime alaouite criminel [d’Assad], puis installer un gouvernement à leur solde qui préservera la sécurité d’Israël». Des déclarations qui reflètent la volonté d’Al-Zawahiri de se greffer sur la rébellion syrienne, dont le front Al-Nosra (classé organisation terroriste par l’ONU en mai 2013). Un évènement quasi concomitant à l’échec de la conférence de Genève 2, marquée par la lutte d’influence de plus en plus offensif des puissances régionales. «La guerre par procuration», évoquée par Ban Ki-moon en 2012, semble prendre forme. La Syrie est devenue l’enjeu d’une lutte géopolitique entre deux camps: d’un côté, Israël, les États-Unis, les membres de l’OTAN sous le commandement intégré américain, ainsi qu’une grande partie des pays arabes; de l’autre, la Chine, la Russie, l’Inde, l’Iran, le Brésil ou encore le Venezuela. C’est dans le cadre d’une opposition traditionnelle entre le front sunnite et un front chiite représenté par l’Iran et la Syrie alaouite que peut se lire notamment l’hostilité marquée du Qatar et de l’Arabie saoudite envers la Syrie, mais aussi dans le cadre de leur proximité avec les États-Unis. C’est ainsi que «l’anti-chiisme» devient le leitmotiv de la rébellion syrienne et de ses alliés. La lutte intestine, au sein de l’opposition exilée n’est pas non plus étrangère à l’échec des négociations. Celle-ci est en effet tiraillée entre un pôle islamiste, et des laïcs soutenus notamment par les États-Unis. La victoire du régime dans la bataille de Qousseir a donné l’avantage psychologique au régime de Damas. Une tendance ? Cela serait difficile à prouver, d’autant que sur l’usage des armes chimiques par l’armée régulière, Paris et Londres disent détenir des preuves irréfutables. Quant aux Etats-Unis, ils se montrent plus réservés. Le département d’Etat dit «attendre de rassembler des preuves afin de constituer un dossier solide». La Maison-Blanche attend la rencontre prévue avec le président russe, Vladimir Poutine, en marge du G8 en Irlande du Nord, les 17 et 18 juin, pour savoir si la réunion dite «Genève 2» peut être sauvée.
Abdessamad NAIMI
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