Malheureusement Casablanca détient la palme d’or non seulement des cas Covid-19, mais aussi des habitations menaçant ruine. Les habitants de la ville, qui subit depuis lundi 4 janvier de fortes précipitations, recensent aujourd’hui leurs pertes.

Si les populations étaient fortement préoccupées par l’augmentation exponentielle des cas Covid-19, aujourd’hui ils doivent faire face à d’autres inquiétudes. Fragilisées par les intempéries et les inondations, les bâtisses menaçant ruine tombent les unes après les autres. Après l’effondrement de l’hôtel Lincoln (cf.édition du 21 décembre 2020), plusieurs habitations se sont écroulées durant cette semaine de pluies torrentielles, faisant plusieurs victimes.
A Hay Mohammadi et plus précisément Derb Moulay Chrif, une maison s’est effondrée vendredi 8 janvier, entraînant dans son sillage 2 autres maisons au grand désarroi des habitants du quartier. En tout, 7 ménages vivaient dans l’immeuble de 3 étages, qui a commencé à s’effriter vers 4 h du matin avant de s’écrouler à 7h du matin, faisant 4 victimes (dont une famille de 3 personnes et 1 passant). Beaucoup ont quitté leurs immeubles de peur de subir le même sort.
Dans l’ancienne Médina, qui ne compte pas moins de 3.000 maisons menaçant ruine, une personne a trouvé la mort et 4 autres ont été blessées suite à l’effondrement jeudi 7 janvier, du toit d’un four traditionnel, dans la rue de Safi. Plusieurs habitants des maisons menaçant ruine de l’ancienne Médina et de Lahraouiyine, zones fortement impactées par les précipitations, ont été relogés provisoirement dans un établissement scolaire.
D’autres quartiers anciens, périphériques ou sous-équipés, comme Derb Sultan, My Rachid, Lahraouiyine, Lemkansa... sont également fortement exposés. Ces énormes dégâts dus aux intempéries ont tout dévasté. Même les morts n’ont pas été épargnés.
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent le cimetière d’Al Ghofrane complètement submergé par les crues. Plusieurs tombes ont été complètement détruites, emportées par les flux. Et les nouveaux enterrés, dont la terre est encore fraîchement retournée, ont été aussi engloutis. La décharge de Médiouna, véritable bombe à retardement écologique, a, elle aussi subi le même sort.

S’il est encore tôt pour cerner l’ampleur des dégâts, il est toutefois urgent de déterminer les responsabilités des uns et des autres. Dans leurs sorties médiatiques, le maire pjidiste de la ville et le DG de Lydec se rejettent la balle. Dans son exposé devant la commission des services publics, du patrimoine et des prestations (Commune urbaine de Casablanca), qui s’est réunie vendredi 8 janvier, Jean Pascal Darriet, DG de Lydec, a indiqué que le délégataire «n’a ménagé aucun effort pour faire face aux intempéries».
Selon lui, plus de 800 agents et 300 pompes de drainage ont été déployés sur le terrain. S’agissant de la réparation des dégâts occasionnés par les crues, Darriet a souligné que «les réclamations seront traitées au cas par cas».
Une réunion d’urgence a été tenue plus tôt dans la journée du vendredi au siège de la wilaya de la région de Casa-Settat. Il est clair que l’aménagement d’ouvrages de protection contre les crues (bassins d’orage) dans les zones à risque a pris du retard (les travaux ayant été entamés en 2018). A qui la faute? Les élus ont-ils assuré comme il se doit leur rôle de suivi et de contrôle des prestations et investissements du délégataire?
Autant d’interrogations que les Casablancais se posent, en espérant une enquête ou un audit qui relèvera les véritables défaillances à corriger pour que pareil scénario ne se répète pas à l’avenir.
2.300 constructions à démolir!
Casablanca compte, à elle seule, près de 2.300 constructions qu’il faut démolir d’urgence et 9.350 bâtisses qui nécessitent des travaux de réfection. Au total, l’on estime à plus de 10 milliards de DH le montant global du budget pour restaurer l’ensemble de ces édifices. A l’échelle nationale, le ministère de l’habitat recense près de 44.000 habitations menaçant ruine, dont 42,5% concentrées dans les anciennes médinas. A fin 2018, 37.000 habitations ont été traitées, ce qui représente 0,7% du parc logement. Le phénomène touche 37 villes et 740.000 ménages. Une situation qui reste alarmante puisqu’une bonne partie de ces constructions est habitée.
Aziza EL AFFAS
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