
Les équipes de l’usine PSA Kénitra s’activent en flux tendus. Les commandes explosent sur la voiturette électrique Citroën Ami. Dès le lancement de la production, le véhicule made in Maroc est déjà victime de son succès. Dans l’Hexagone, les futurs propriétaires s’impatientent pour cette solution de mobilité électrique. Mais en même temps, des clients se plaignent de «perturbations dans les plannings» voire de «retards dans les délais de livraison».
A l’origine de cette situation: Des retards dans les circuits de production et d’approvisionnement en composants. Contacté par L’Economiste, le management de PSA Maroc explique ce rebondissement par «le contexte sanitaire international lié à la crise Covid-19 qui a engendré des délais sur la production d’Ami et sur l’acheminement des véhicules en France». Les dirigeants de la filiale marocaine du groupe français admettent qu’il s’agit «de tension accentuée par le succès commercial rencontré par la Citroën Ami, dans un contexte de démarrage industriel d’un tout nouveau modèle», qui plus est électrique!
La mise au point finale de la voiturette électrique de la marque aux chevrons et de son système industriel «a pu néanmoins être réalisée grâce à l’implication forte de nos fournisseurs et des équipes PSA de Kénitra et du centre de R&D (le Morocco Technical Center de Casablanca)», tient à préciser le constructeur.
Dans ce contexte précis, Citroën a mis tout en œuvre pour accélérer la production et le transport afin de résorber les délais d’attente. Depuis le 2 novembre, des équipes ont été dédiées spécifiquement dans un centre d’appel pour proposer une nouvelle date de livraison aux clients concernés par le retard.
«Ami est une offre de mobilité très innovante électrique, urbaine, accessible... Elle a à ce titre reçu un accueil extrêmement encourageant du public avec près de 2.400 commandes à ce jour», précise-t-on auprès de Peugeot Citroën Automobiles Maroc. Il faut dire que les chaînes de montage sont en flux tendus depuis 2 mois.
«A partir de septembre dernier, la capacité de production du site de Kénitra a doublé. Grâce à l’agilité et l’engagement de nos équipes, ce défi a été relevé avec trois ans d’avance par rapport au planning initial et ce, dans le strict respect des règles sanitaires imposées par la pandémie Covid-19», poursuit le constructeur de Kénitra.
Valeur aujourd’hui, la capacité de production de ce premier quadricycle 100% électrique made in Maroc est de 60 unités/jour, 350 véhicules par semaine. Soit une production mensuelle de 1.400 voitures sur le site de Kénitra.
Au-delà du retard dans les délais de livraison, des médias français sont très critiques envers la qualité perçue de ce véhicule et remontent des problèmes liés notamment «à l’indisponibilité de certaines pièces détachées, des équipements inutilisables ou encore des problèmes avec le chargeur...» Sur ce point précis, le constructeur reconnaît quelques erreurs de jeunesse: «Nous avons constaté quelques problèmes sur lesquels nous sommes en train d’apporter une solution à chacun des clients concernés».
Pour l’heure, le fabricant se veut serein et rassure ses clients. Le constructeur s’évertue à faire face au scénario de montée en volume de commandes. Tout semble rentrer dans l’ordre pour ce véhicule électrique le moins cher sur le marché. Au Maroc, les équipementiers se bousculent pour intégrer la short list des fournisseurs.
Parmi ces fournisseurs marocains qui livrent déjà des composants à PSA, figurent Socafix (entreprise spécialisée dans diverses pièces mécaniques), Proma (producteur de châssis tubulaire), Plastic Omnium (fabricant de pièces plastiques), GMD (pièces plastiques), Cofat (spécialiste de faisceaux), Recticel (solutions d’étanchéité et isolation), Sirocco (système de chauffage), Daedong (Câbles de freins), TI AUTOMOTIVE (Circuits de freins), Saint Gobain (Vitrage), CBI/FMI (spécialiste des étriers de frein), HT&L (roues assemblées)... D’autres devront embarquer pour maximiser le taux d’intégration locale, qui est dès le démarrage autour de 60%.
Nouveau concept de mobilité
«Aujourd’hui, tout ce que nous produisons est pris», a confié récemment à L’Economiste Samir Cherfan, Exécutive vice-président PSA Moyen-Orient/Afrique. Selon ce patron qui pilote l’ensemble de la Région MEA, la Citroën Ami est un concept nouveau. «C’est un objet de mobilité sans permis». Mais attention, il ne s’agit pas là d’un véhicule standard. Autrement dit, il ne faut pas le comparer à un véhicule au sens classique du terme. «C’est plutôt une solution de déplacement individuel qui roule à 45 km/heure. Mais si vous le comparez à une mobylette, il reste nettement mieux, puisqu’il permet de se déplacer dans un espace fermé, chauffé et qui protège du froid, de la pluie... Il est 100% électrique et compact. C’est cela la bonne comparaison! Personnellement, je préfère voir mes enfants dans une Ami plutôt qu’une mobylette. En France, l’Ami se conduit sans permis», confie Samir Cherfan. Au Maroc, ce type de véhicule a un gros potentiel pour les flottes entreprises. Barid Al Maghrib en est le 1er client. Il vient de passer commande de 225 unités, avec des versions adaptées pour le réseau de distribution de courrier-colis. La voiture est proposée à 1.990 DH hors taxes par mois. Le client ayant opté pour une formule flotte n’a pas à entretenir le véhicule. En France, il y a une offre à moins de 20 euros par mois mais avec un premier apport. Le quadricycle 100% électrique Ami est vendu au comptant avec un ticket d’entrée de 6.900 euros. Pour la formule location longue durée, le coût est de 20 euros par mois. Ce qui en fait le véhicule électrique le plus accessible sur le marché.
Amin RBOUB
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