Plusieurs rapports de la Cour des comptes avaient tiré la sonnette d’alarme quant aux difficultés des deux chaînes publiques du pôle audiovisuel. Gouvernance, efficience des dépenses, amélioration des performances… autant de points mis en avant par les membres de la Commission de contrôle des finances publiques à la Chambre des représentants, lors de la rencontre avec les patrons des deux chaînes publiques, en présence de Othman El Ferdaouss, ministre de tutelle, mercredi dernier à Rabat.

Fayçal Laaraichi, PDG de la SNRT, a précisé que toutes les recommandations de la Cour des comptes sont prises en compte, afin d’améliorer la gouvernance et l’efficience des dépenses des fonds publics. Celui-ci a appelé à couper avec les «stéréotypes» concernant la perception des chaînes publiques.
Il a mis l’accent sur le taux d’audience par rapport aux chaînes publiques des différents pays arabes et européens. Au moment où le taux moyen d’audience au Maroc est de 51,5%, selon les chiffres présentés par Laaraichi, il est de 6% en Arabie Saoudite, de 8% aux Emirats Arabes Unis, de 32% en France, 36% en Italie et 24% en Espagne.
Le patron de la SNRT a estimé que celle-ci assure de grandes performances vu les moyens qui lui sont octroyés. Il a insisté sur l’importance des budgets accordés à d’autres chaînes publiques au niveau international. Par exemple, la chaîne franco-allemande ARTE, dispose d’un budget de 6 milliards de DH, alors que la SNRT et Soread 2M disposent d’à peine 2,2 milliards.
Pourtant, la moyenne d’audience d’ARTE ne dépasse pas 1%, a-t-il noté. Par exemple, TV Andalucia, une chaîne régionale en Espagne, dispose d’un budget supérieur à celui des deux télévisions publiques marocaines, soit 2,5 milliards de DH. Or, «ces moyens sont décisifs pour l’amélioration des performances», a-t-il affirmé.
Actuellement, le budget de la SNRT est «basé sur l’équilibre financier et ne vise pas à assurer une rentabilité», a rappelé Laaraichi. Ces montants, prévus via les contrats-programmes, visent à couvrir les charges des engagements inscrits dans les cahiers des charges, a-t-il expliqué.
Actuellement, les deux chaînes publiques n’ont pas encore actualisé leurs cahiers des charges, «en dépit des différentes propositions que nous avons soumis au gouvernement depuis 2012», selon le patron de la SNRT. Actuellement, le soutien public accordé à cette société nationale est de 900 millions de DH, en plus des fonds issus des recettes de la taxe sur l’audiovisuel TPPAN, dont 60% sont versés directement à la SNRT. Laaraichi a haussé le ton contre l’opacité de gestion des recettes de cette taxe. «Nous n’avons aucun moyen pour contrôler les montants perçus», a-t-il déploré.
D’autant que «nous constatons un recul de ces recettes durant les dernières années, contrairement à la logique de l’évolution de la consommation d’électricité». Cette taxe est perçue par les gestionnaires du service de distribution d’électricité. Parallèlement, Laaraichi a fait savoir qu’un montant de 225 millions de DH sont encore des arriérés à percevoir du Fonds pour la promotion du paysage audiovisuel, des annonces et de l’édition publique (FPPAN).
Audience
Ce sont 15 millions de Marocains qui regardent chaque jour les chaînes de la SNRT, soit une hausse de 15% par rapport à 2018, selon Fayçal Laaraichi. Il a également indiqué que 50% des auditeurs de la chaîne Al Oula sont des jeunes de moins de 35 ans. Idem pour la chaîne sportive Arriyadia, suivie par une moyenne de 4,7 millions de téléspectateurs en 2019. Ce taux passe à 5,3 millions durant le week-end. Pour ce qui est des radios, il fait savoir que les radios de la SNRT accaparent 7,1 millions d’auditeurs, soit 26,5% de l’ensemble de l’audience des radios au Maroc. A elle seule, la radio Mohammed VI est suivie par 5 millions d’auditeurs.
2M: Soutien public en recul
Du côté de la Soread 2M, la situation est plus compliquée. «Le modèle économique de la chaîne n’est plus viable, comme l’a souligné le rapport de la Cour des comptes», a rappelé Salim Cheikh, DG de la chaîne. Actuellement, 2M est financée par les recettes publicitaires à hauteur de 95%. Le soutien public ne représente que 5%. En face, «les charges de la chaîne s’élèvent à une moyenne de 650 à 700 millions de DH», a-t-il ajouté. Cheikh a fait savoir que des efforts ont été menés pour assurer une rationalisation des dépenses. «Depuis 2008, le programme de rationalisation a permis d’économiser 300 millions de DH des recettes extérieures, parallèlement au maintien du même niveau des coûts des programmes». Le DG de Soread 2M a également pointé la diminution de la masse salariale, via les départs volontaires, la suspension des recrutements depuis 2012, et le non recours au remplacement des départs à la retraite.
Les effectifs sont passés de 800 personnes en 2011 à 572 en 2019 et devront s’établir à 530 en 2020. «En dépit de ces efforts, la situation est encore vulnérable, dans la mesure où le modèle est basé essentiellement sur les recettes publicitaires», a précisé Cheikh. Or, le marché publicitaire au Maroc est en recul, passant de 1,2 milliard à 900 millions durant la dernière décennie. Parallèlement, le montant du soutien public est également en baisse, passant de 140 millions par an, durant les années 2000, à une moyenne de 50 millions actuellement.
M.A.M.
Chère lectrice, cher lecteur,
L'article auquel vous tentez d'accéder est réservé à la communauté des grands lecteurs de L'Economiste. Nous vous invitons à vous connecter à l'aide de vos identifiants pour le consulter.
Si vous n'avez pas encore de compte, vous pouvez souscrire à L'Abonnement afin d'accéder à l'intégralité de notre contenu et de profiter de nombreux autres avantages.