«Vos prestations sont si intéressantes qu’on oublie de compter le temps qui vous est imparti». C’est le président de la séance des questions orales de la Chambre des conseillers, Abdelilah Hallouti (PJD) qui a lancé cette remarque mardi dernier à l’adresse du ministre de l’Industrie et du commerce.

En effet, Moulay Hafid Elalamy suscite une adhésion auprès des parlementaires, de la majorité comme de l’opposition, moins chez les syndicats. Une occasion pour lui de revenir sur la mise en place de la banque de projets. En pratique, son département a évalué les importations marocaines à 183 milliards de DH.
A ce montant, il a appliqué le système de substitution pour retenir 34 milliards de DH de produits importés qui peuvent être fabriqués localement. «Nous commençons par ce montant et nous allons l’augmenter à 50 milliards de DH, voire plus», a-t-il indiqué. Les équipes du ministère planchent d'ailleurs sur ce dossier. Selon lui, la réactivité des opérateurs a été rapide puisque 210 personnes ont apporté leurs projets. Il va les accompagner pour aller plus loin dans ce chantier.
Le ministre a saisi cette opportunité pour tordre le cou à une idée reçue: les Marocains doutent de leurs capacités à fabriquer des produits de qualité et ont une préférence pour les marchandises importées. Des remarques entendues, ici et là, au moment de la création du respirateur entièrement marocain.
«Nous devrions avoir honte. Nous avons dépassé le respirateur. Le Maroc fabrique les moteurs d’avions à Nouaceur. De plus, 90% des voitures produites chez-nous sont exportées en Europe», s’est exclamé le ministre, avant d’ajouter que pour le respirateur, une période de validation est nécessaire.
Le recul des investissements directs étrangers (IDE) a également été au menu de ces questions orales. Même dans un contexte de pandémie, le ministre est confiant puisque des demandes importantes se sont exprimées ces jours-ci, a-t-il confié. Pour Moulay Hafid Elalamy, les Marocains commencent à entrer dans des secteurs importants comme l’automobile et l’aéronautique. En outre, au cours de ces derniers mois, son département a adapté sa stratégie de l’Emergence industrielle.
La nouvelle vision comporte ainsi deux éléments essentiels dont le premier consiste à améliorer la compétitivité du Maroc. «Nous avons des possibilités pour être parmi les meilleurs dans le monde au niveau de la compétitivité dans le secteur industriel. Ce qui attirera des investisseurs et créera des postes d’emploi», selon lui.
Autre point abordé, la taxe carbone. En effet, les produits fabriqués à base de gasoil ou d’essence devront s’acquitter de cette taxe pour être exportés en Europe. Pour contourner cet obstacle, le ministère travaille sur l’utilisation des énergies renouvelables.
En pratique, il s’agit d’amener cette source d’énergie dans les usines situées dans les parcs industriels. Le but est que la production marocaine n’ait pas à souffrir de cette fameuse taxe. «A l'aide de ces installations, la compétitivité du Maroc sera très haute. Mais, avant d’arriver à ce stade, il faudra patienter entre 6 à 8 mois», prévient le ministre. «Il s’agit de travailler ensemble, la main dans la main, pour arriver à des résultats».
Maroc PME dans les radars
Le nouveau programme Istitmar, développé par Maroc PME, a donné des résultats. Il a permis de créer 18.000 nouveaux postes d’emploi et d’investir 2 milliards de DH dans les PME. le département de Moulay Hafid Elalamy qui en assure la tutelle, a mis en place trois autres programmes: Mowakaba, Tatwir et Nawat. Cette Agence nationale pour la promotion des PME travaille pour trouver des solutions pour que les entreprises puissent réaliser leurs objectifs. Pendant la crise sanitaire, de nouveaux programmes ont été mis en place pour apporter un soutien technique nécessaire aux entreprises les plus touchées. Celles-ci ont été affectées par l’impact de la pandémie à des degrés différents, selon les secteurs d’activité. Le tourisme a été le plus touché comparativement à celui de l’industrie, puisque les exportations ont augmenté par rapport à 2019, à l’exception de l’aéronautique.
Délocaliser dans les Régions, oui mais...

Aux parlementaires qui souhaitent voir des projets localisés dans leurs régions, le ministre a rappelé une règle de base. L’investissement dans le secteur industriel exige que les infrastructures de base soient à un niveau convenable. Proximité des autoroutes, des aéroports, des ports,… Au cours des dernières années, le Maroc a construit des infrastructures d’un niveau international et dont les investisseurs marocains et étrangers en bénéficient. Après avoir énuméré les différents nouveaux parcs industriels implantés dans plusieurs villes, des parlementaires ont demandé d’accueillir des zones industrielles et des projets d’investissements dans leurs régions. «Je ne suis pas d’accord avec la démarche qui consiste à créer des zones et attendre l’arrivée des investisseurs. C’est une erreur qui a été commise au Maroc où des zones industrielles se sont retrouvées confrontées à de nombreux problèmes. Il faut d’abord effectuer des études avec les parties prenantes et lorsque les résultats sont positifs, passer à l’investissement», a-t-il noté.
M.C.
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