La plupart d’entre eux ont émergé au début du siècle. Des années 2000 où le Maroc a vu l’apparition d’une nouvelle scène contemporaine. Une scène turbulente, insolente, audacieuse… rompant avec une certaine pratique artistique, de ses aînés, trop occupés à affirmer une identité culturelle et une «marocanité» longtemps imposée par un désir d’émancipation d’une idéologie postcoloniale.

Issus, pour une partie d’entre eux du moins, de la diaspora, mais également d’une génération venue tout droit de l’école de Tétouan, en pleine exploration, sous l’influence de l’artiste Faouzi Laatires, chantre de l’art transculturel, à la fois local et global, des artistes, affranchis, ont dirigé leurs créations vers de nouveaux horizons, de nouvelles explorations. Épousant et participant à l’élaboration des pratiques contemporaines diverses et éclectiques.
Sans être une rétrospective, ni même un bilan d’étape, l’exposition «La vague blanche» rassemble une belle brochette de celles et ceux qui ont écrit le contemporain ces dernières années. Une génération désormais installée, encore émergente pour les plus jeunes, mais qui n’a encore fait l’objet d’aucune étude ou recension.
Mise en scène à la Galerie 38, l’espace d’art casablancais qui fête ses dix ans, l’exposition propose de découvrir ou plutôt de redécouvrir les œuvres de 18 artistes qui «partagent ensemble un langage et parfois certaines préoccupations, mais qui se sont surtout distingués par leur extrême individuation, leur originalité et leur avant-gardisme», précisent les promoteurs de l’évènement ouvert au public à partir du 8 octobre 2020.
Mohamed Thara, le commissaire de l’expo, nous explique dans son propos: «L’exposition tente de tisser des liens entre une scène émergente et des pratiques établies. Une série d’articles abordent le sujet avec autant de diversité qu’il y a d’œuvres, avec l’édition d’un livre à partir d’un corpus d’œuvres qui va de l’an 2000 à 2020. Il nous permet de réaliser toute l’importance et l’envergure de la question chez toute une génération d’artistes qui livre ici son regard sur les expériences historiques communes, particulièrement marquantes dont les artistes ont tiré une vision partagée du monde. Y a-t-il un art marocain, ou seulement un art au Maroc?» En plus de cette question, le livre académique accompagnant l’exposition en pose d’autres, tout aussi essentielles.
De quoi s’agit-il? D’une tentative de compréhension de la scène contemporaine marocaine, or sa temporalité est sujette à caution, et son espace d’énonciation au moins autant, se demande la chercheuse et curatrice Syham Weigant.
La spécialiste en communication, arts et spectacles, Rime Fetnan, déplore, elle, le manque de colligation et de recherche permettant de consigner une tranche de l’histoire de l’art marocain en construction: «Malgré tous ces exemples, qui témoignent de l’implication de ces artistes dans la construction d’une histoire de l’art et, bien plus encore, dans la construction d’une histoire sociale, politique et culturelle, on ne peut que déplorer le manque d’historicisation des discours qui les entourent».
Un document qui fait de l’évènement un instant de monstration mais aussi de réflexion appelés à s’inscrire dans le temps long de la recherche.

Une communauté réunie
Exposition générationnelle, certes, mais englobant un large spectre, entre artistes bien installés et jeunes confirmés, «La vague blanche» donne à voir en panorama un aperçu de la création contemporaine marocaine des générations post-années 2000. Loin d’être représentative d’un mouvement porté par une même pensée, elle met en avant une communauté réunie autour d’une diversité symbole de l’extrême vitalité d’une scène toujours en prospection. En plus du commissaire, l’exposition regroupe Sanae Arraqas, Mustapha Azeroual, Mohamed El Baz, Amina Benbouchta, Hicham Benohoud, Hicham Berrada, Max Boufathal, M’barek Bouhchichi, Mounir Fatmi, Amine El Gotaibi, Omar Mahfoudi, Randa Maroufi, Fouad Maazouz, Hicham Matini, Youssef Ouchra, Nissrine Seffar et Yassine Alaoui Yoriyas.
Amine BOUSHABA
Chère lectrice, cher lecteur,
L'article auquel vous tentez d'accéder est réservé à la communauté des grands lecteurs de L'Economiste. Nous vous invitons à vous connecter à l'aide de vos identifiants pour le consulter.
Si vous n'avez pas encore de compte, vous pouvez souscrire à L'Abonnement afin d'accéder à l'intégralité de notre contenu et de profiter de nombreux autres avantages.