Des progrès sont possibles dans la lutte contre la corruption, même dans les contextes les plus difficiles. C’est le message de la Banque mondiale qui vient de publier son rapport intitulé «Enhancing Government Effectiveness and Transparency: The Fight Against Corruption».
Face à la mobilisation à des niveaux sans précédent de fonds d’urgence en riposte à la pandémie Covid-19, le rapport publié en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies dresse un état des lieux des nouvelles approches et des nouveaux outils pour améliorer la responsabilisation des pouvoirs publics.
■ Sanctionner les infractions: Les dépenses inédites engagées par les pouvoirs publics pour lutter contre le coronavirus l’ont parfois été sans respecter les mécanismes habituels de contrôle. Si cette diligence est compréhensible, elle expose néanmoins les gouvernements (en l’absence de garde-fous) à différents risques de corruption susceptibles de fragiliser l’efficacité de la riposte. Pour permettre une responsabilisation accrue, le rapport de la Banque mondiale appelle les pouvoirs publics à définir clairement leurs actions, appliquer les règles, sanctionner les infractions et résoudre les problèmes en toute transparence dans les meilleurs délais.
■ La collaboration, une arme efficace: «La corruption, nous le savons depuis longtemps, est un frein majeur au développement. Du détournement massif de biens publics aux pratiques à la petite semaine qui sapent la productivité et désorganisent les services, elle vole les pauvres et efface les progrès…», indique Mari Elka Pangestu, directrice générale de la Banque mondiale pour les politiques de développement et les partenariats dans sa note «La collaboration, une arme efficace contre la corruption». Pour cela, le rapport montre l’importance de compléter les méthodes traditionnelles de lutte contre la corruption par les dispositifs les plus modernes, comme l’administration numérique, les marchés publics dématérialisés, les déclarations de patrimoine et la transparence sur le bénéficiaire effectif, à l’instar de ce qu’ont fait plusieurs pays notamment la Somalie, le Bangladesh, la Colombie, l’Ukraine et la Roumanie. «Les institutions jouent un rôle décisif dans la mise en œuvre des politiques gouvernementales, la mobilisation de la société civile et la transparence accrue de l’administration…», rappelle Ed Olowo-Okere, directeur mondial pour la Gouvernance à la Banque mondiale.
■ De nombreuses formes et visages: C’est une entreprise étrangère qui verse des commissions occultes ou des pots-de-vin pour bénéficier d’un traitement de faveur et oblige les pays pauvres à se contenter de biens et de services dévalorisés. Un fonctionnaire qui trahit les personnes qu’il est censé accompagner en échange de faveurs financières. Telle ville privée d’école ou de dispensaire parce que les élus locaux ont détourné l’argent destiné à leur construction. Et ces remèdes qui ne soignent pas (et qui, parfois, tuent), parce que quelqu’un a dilué les produits ou substitué des médicaments contrefaits…
La transparence est vitale
Au moment où les pays s’engagent sur la voie d’un redressement plus résilient et inclusif, les responsables politiques doivent relancer l’économie malgré une situation budgétaire extrêmement tendue, aggravée par un endettement grandissant. L’utilisation transparente et prudente des rares ressources est vitale. «L’argent perdu du fait de la corruption pourrait servir à relancer les économies et protéger les populations pauvres et vulnérables, affectées de manière disproportionnée», ajoute Mari Elka Pangestu. «Pour lutter contre la corruption et ses effets destructeurs et installer une croissance économique durable et une prospérité partagée, nous devons collaborer avec nos partenaires gouvernementaux, le secteur privé et la société civile. Nous nous engageons à poursuivre nos actions de sensibilisation à l’échelle mondiale afin d’entretenir cette dynamique…», dit-elle.
Fatim-Zahra TOHRY
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