La pandémie continue de sévir. Avec ses implications négatives sur les secteurs productifs et les échanges extérieurs. Le secteur industriel subit toujours de plein fouet les contreperformances de la demande mondiale. «Toutefois quelques leviers comme l’industrie automobile, le BTP ou encore l’énergie électrique montrent quelques signes de redressement», constate la dernière livraison de la Direction des études et des prévisions financières.

Les prémisses d’inflexion de la tendance baissière dans le secteur du BTP restent tributaires de la capacité d’absorption de l’économie nationale et du rythme d’exécution des projets d’infrastructures.
Par ailleurs, l’analyse de l’évolution de la mobilité dans les lieux publics dénote d’une certaine reprise dans les activités de commerce et de loisirs, mais relativement moins dans le transport, activité fortement secouée par la chute drastique du secteur touristique.
De son côté, le marché de travail, principal pourvoyeur des revenus des ménages, a été sévèrement impacté par la crise sanitaire. L’investissement connaît, pour sa part, un ralentissement, reflété par le repli des importations en biens d’équipement et de l’effort budgétaire. Cependant, les crédits bancaires affichent, à fin juillet dernier, une accélération. Ils sont principalement portés par les secteurs non-financiers. De plus, «la mise en exécution de la loi des finances rectificative devrait apporter des solutions de relance économique à court et à moyen terme», anticipe la Direction du ministère des Finances.
Ces évolutions conjoncturelles s’insèrent dans un environnement international marqué par une grave récession économique. Le redressement devrait s’opérer à partir du 2e semestre dans plusieurs pays. Surtout, ceux qui ont lancé d’importants programmes de soutien à l’investissement. Dans ce cadre, la zone euro, premier partenaire du Maroc, serait en pole position mondiale. Sauf que le rebond est attendu pour 2021.
Pour le moment, l’économie de cette zone reste la plus affectée par la crise. Selon les estimations de l’OCDE, la pandémie a retranché près de 8% de croissance à son économie. La chute du PIB cette année serait plus sévère en France (-9,5%) et en Italie (-10,5%) comparativement à l’Allemagne (-5,4%). Mais la situation devrait s’améliorer même si la pandémie devrait exercer des effets durables sur la demande. Dans ce contexte, un plan de relance de 750 milliards d’euros a été adopté par le sommet européen en juillet dernier. Ce plan sans précédent englobe 360 milliards de prêts et 390 milliards de subventions. Il faut donc espérer que la demande européenne reprenne et se consolide à court terme.
Quant à la demande intérieure, son redressement risque d’être assez long. Après deux années de sécheresse et de maigres campagnes agricoles, le taux de chômage a atteint un niveau jamais atteint depuis 2004. Le ministère de l’Agriculture table pour la prochaine campagne sur une nette amélioration des cultures d’automne et arboricoles. Sans toutefois en préciser les volumes attendus ni encore les réalisations quantifiées des exportations par filières. La prudence affichée par la tutelle, trouve certainement son explication dans les conditions climatiques à venir. En attendant, tout reste donc suspendu au ciel.
Le secteur industriel n’est pas non plus bien loti. Au 2e trimestre, son indice de production a plongé de 21,4%, après une hausse de 0,5% au 1er trimestre. Ce recul est attribuable au retrait des indices de production de l’industrie automobile de 57,1%, de fabrication d’autres produits minéraux non métalliques de 31,5%, de l’habillement de 37,4%, de la métallurgie de 48,3%, de l’activité de produits en caoutchouc et en plastique de 48,1%. D’autres activités industrielles comme les équipements électriques, la fabrication de produits métalliques, l’industrie du cuir et de la chaussure et celle du bois ont enregistré des chutes dépassant les 40%. Toutefois, les derniers résultats de l’enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib, relatifs au mois de juillet, font ressortir une amélioration, d’un mois à l’autre, tant au niveau de la production que des ventes dans l’ensemble des branches d’activité, à l’exception de la chimie et parachimie où les ventes auraient stagné.
Capacités de production
Concernant le taux d’utilisation des capacités de production (TUC), il reste sur un trend haussier mai dernier pour s’apprécier de 3 points entre juin et juillet à 67%. Au terme des 7 premiers mois, ce taux s’est établi à 61,9%, en retrait de 13 points par rapport à la même période de 2019.
En revanche, le secteur du BTP paraît prendre de la vigueur. Hors mois de juillet marqué par un repli (vacances d’Aïd Al-Adha), les ventes de ciment ont repris courant août leur dynamique observée en juin (+33%) pour enregistrer une hausse de 18,6%.
Quant aux opérations de financement du secteur immobilier, après avoir atteint leur plus faible niveau de croissance en mai dernier, la progression de leur encours continue de s’améliorer à partir du mois de juin pour afficher une hausse de 1,8% des prêts accordés au secteur à fin juillet dernier. Cette évolution recouvre une progression des crédits à l’habitat de 2,1% et de ceux alloués à la promotion immobilière de 1,2%.
Tourisme: Plus de 18 milliards de pertes

Sur les 7 premiers mois, les pertes du secteur touristique ont atteint 18,3 milliards de DH, soit un effondrement de 44,1% des recettes. Pour le seul mois de juillet, le recul de ces recettes s’est situé à 90,1%. Pour ce qui est des arrivées touristiques et des nuitées réalisées dans les établissements d’hébergement classés, elles se sont repliées, à fin juin, de 63,5% et 59,1% respectivement. Après la reprise des vols domestiques à partir du 25 juin 2020, les frontières nationales ont été ouvertes aux visiteurs étrangers depuis le 6 septembre mais uniquement pour les citoyens chargés d’une mission au Maroc. Au niveau international, d’après l’OMT, 115 destinations (53% de toutes les destinations dans le monde) ont assoupli les restrictions sur les voyages. Sur ce total, 2 ont levé toutes les restrictions alors que 113 maintiennent les mesures restrictives. Pour rappel, un contrat programme de 21 mesures, recouvrant la période de 2020 à 2022, a été signé le 3 août 2020 au profit du secteur, alliant acteurs publics et privés au niveau national et régional afin de retrouver la situation d’avant crise.
En attendant, le transport commercial continue de pâtir des retombées de la crise sanitaire. Au 14 septembre, le trafic aérien commercial s’est effondré de 78%. Ce niveau marque toutefois une atténuation par rapport au recul enregistré au 27 juillet 2020, soit -81%. La contreperformance aurait été atténuée par le comportement favorable de l’activité de transport maritime. Au terme des huit premiers mois de 2020, ce trafic s’est accru de 6,8%. Elle résulte du renforcement du trafic des importations de 8,8%, expliquée, essentiellement, par l’augmentation des achats des céréales de 51,1%, des aliments de bétail de 22,4%, de charbon de 10,1%, de l’ammoniac de 23,3% et de soufre de 16,2%.
A.G.
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