
C’est la grande question du moment, les cités universitaires pourront-elles ouvrir ou pas en cette période de pandémie? A un mois de la rentrée universitaire, le département de l’Enseignement supérieur et l’Onousc (Office national des œuvres universitaires, sociales et culturelles) étudient toujours les différents scénarios, sans arriver à trancher.
Ouvrir les quelque 23 cités universitaires (près de 52.500 lits), alors que les chambres accueillent parfois plus de 4 étudiants, les garder fermées pour éviter de développer des clusters, décider en fonction de la situation épidémiologique des villes étudiantes…, ouvrir mais réduire la capacité d’accueil, et dans ce cas, quels seraient les critères de sélection des étudiants?... Un casse-tête chinois, sachant que l’exclusion d’une partie des étudiants pourrait donner lieu à des contestations. La gestion des mesures préventives dans les cités s’avère également délicate à mettre en place, puisqu’il s’agit de grands espaces de vie, où il est difficile de tout contrôler.
«Jusqu’à présent la situation n’est pas claire. Pour notre part, nous continuerons à jongler entre le présentiel et le distanciel pour encadrer tous nos étudiants, en attendant que la situation s’éclaircisse», confie Yahia Boughaleb, président de l’université d’El Jadida, dont 25% des étudiants sont issus d’autres régions.
Dans les grandes écoles, aussi, la décision est difficile. «Il n’y a pas de visibilité pour le moment, ni sur l’évolution de la situation, ni sur les consignes à observer pour les jours qui viennent. Nous restons à l’écoute pour nous adapter autant que nécessaire et possible», relève Nada Biaz, DG du groupe ISCAE.
Les résidences étudiantes privées, quant à elles, restent ouvertes toute l’année. «Durant le confinement, nous sommes restés actifs. Nous avions même gardé 140 à 150 étudiants subsahariens bloqués au Maroc. Par la suite, des étudiants marocains ont commencé à venir pour les concours, comme ceux de médecine ou de dentaire. Actuellement, nous en recevons encore, tout en respectant les mesures sanitaires», témoigne un responsable des RESU (Résidences universitaires relevant de la fondation gestionnaire de l’Université Mohammed VI des sciences de la santé, ouvertes à des locataires de toutes les écoles supérieures). Les effectifs sont moins nombreux en raison de la pandémie. «Certains ont payé, mais ne sont pas encore venus», précise le responsable.
Les résidences relevant de Dyar Al Madina (groupe CDG), restent également actives toute l’année. «Nous assurons la continuité de l’hébergement des étudiants qui ont des stages professionnels, stages de langues, examens…, ainsi que des étudiants étrangers toute l’année», explique Hassan Ben Tahir, directeur Achats, Organisation & SI de Dyar Al Madina. «Avec les autorités sanitaires, nous poursuivons nos efforts pour assurer une bonne continuité d’activité, avec des mesures barrières et dispositions sanitaires. Dès mai dernier, nous avons élaboré un guide pour l’organisation des visites, l’hygiène, la gestion des espaces communs…», précise-t-il.
Les résidences privées accueillent un maximum de 2 étudiants par chambre. «Les binômes, nous les traitons comme une petite famille. Néanmoins, ils doivent signer un engagement mutuel pour respecter les mesures préventives», souligne Ben Tahir. Si les cités universitaires et les internats des grandes écoles restent fermés, les étudiants n’auront d’autre choix que de se contenter d’un enseignement en mode e-learning, se rabattre sur une offre privée encore peu développée, ou opter pour la colocation.
La colocation privée capte près de 60% de la demande
Les résidences universitaires privées sont encore peu développées au Maroc. «La colocation privée absorbe plus de 60% du besoin. Mais elle ne garantit pas les services des résidences spécialisées, en termes de sécurité, normes, équipes à l’écoute sur place…», précise Hassan Ben Tahir. L’offre spécialisée évolue très lentement. Dyar Al Madina, présente dans 5 villes avec environ 7.000 lits, peine à étendre son réseau sur de nouvelles régions. «Le modèle n’est pas rentable, et le pouvoir d’achat dans les autres villes est limité. A El Jadida, par exemple, nous sommes déficitaires depuis 2011», explique Ben Tahir. Les prix varient entre 700 et 2.300 DH le lit.
Ahlam NAZIH
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